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Turquie: les Kurdes se battent pour une meilleure représentation au parlement


Mardi 7 juin 2011 à 09h13

DIYARBAKIR (Turquie), 7 juin 2011 (AFP) — Les nationalistes kurdes pourraient augmenter leur représentation au parlement turc, au terme d'une campagne active pour les élections législatives, dimanche prochain, cependant que dans les montagnes, les rebelles maintiennent la pression sur Ankara.

A Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est du pays, où les Kurdes sont majoritaires, les chants de cette communauté résonnent dans les rues où l'on peut voir partout des affiches électorales rédigées en langue kurde.

Les jeunes ne font pas mystère de leur symptahie pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu'Ankara qualifie de "terroriste".

La région a connu des changements, inspirés par l'Union européenne à laquelle la Turquie souhaite adhérer. On est loin du climat des années 1990, où le sang coulait chaque jour, et où l'expression de toute identité kurde était un crime.

Mais les militants kurdes font monter les enchères: ils veulent des négociations pour mettre fin à 26 ans de conflit, réclament une autonomie régionale, l'éducation en kurde et une amnistie pour le PKK.

"On est à un point de non retour... Notre peuple a surmonté sa peur", explique la députée Emine Ayna, candidate à sa réélection à Diyarbakir, entourée de supporteurs qui crient des slogans à la gloire du PKK.

"Nous voulons un règlement politique. Mieux, nous voulons entraîner le PKK dans l'arène politique", dit-elle, précisant qu'il faut sortir de prison le leader du mouvement, Abdullah Öcalan.

Emine Ayna fait partie des 30 candidats, qui selon les sondages, devraient entrer au parlement le 12 juin, avec le soutien du parti pro-kurde BDP (Parti de la paix et de la démocratie). Ils sont 20 actuellement.

Ces candidats kurdes se présentent en indépendants pour contourner le seuil national de 10 % imposé aux partis pour entrer au parlement.

Parmi eux, Leyla Zana, qui devrait retrouver les bancs du parlement après une première apparition qui avait fait sensation en 1991: elle avait prononcé quelques mots en kurde -un message de paix- en prêtant serment. Privée de ses droits, elle avait ensuite passé dix ans en prison.

Depuis mars, le BDP qui refuse la mainmise du gouvernement sur la religion musulmane, pratique la "désobéissance civile" et recommande les prières hors des mosquées tenues par le gouvernement. Les manifestations de rues sont souvent émaillées de violences.

Et la violence armée s'est accrue: l'armée multiplie les opérations contre le PKK, et des attaques visent la police, en dépit d'un cessez-le-feu décrété par le PKK.

Öcalan, qui reste le chef de la rébellion derrière ses barreaux, a menacé du pire si les négociations ne reprenaient pas.

Des discussions secrètes avec lui avaient démarré après l'annonce en 2009 d'une "ouverture démocratique" qui devait octroyer plus de droits aux 12 à 15 millions de Kurdes, sur 73 millions d'habitants. Un espoir était né de mettre fin à un conflit qui a fait au moins 45.000 morts.

Mais l'initiative a fait long feu, le gouvernement redoutant de se voir accusé de brader l'unité nationale. Des centaines de personnes ont été arrêtées, dont de nombreux élus. Six d'entre eux sont candidats aux législatives.

Candidat à un troisième mandat et favori des sondages, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, dont le parti est issu de la mouvance islamiste, a lancé récemment qu'"il n'y a plus de problème kurde".

Et le ministre de l'Agriculture, Mehdi Eker, un des 60 députés kurdes du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, accuse le BDP d'incitation à la violence en lien avec le PKK.

"Quel compromis est possible, quand dans les montagnes, des hommes armés vous menacent ? Nous sommes ouverts à toutes les exigences démocratiques mais personne ne peut accepter de légitimer le terrorisme", dit-il.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.