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Turquie: les Kurdes célèbrent Norouz dans une ambiance tendue


Mercredi 21 mars 2018 à 15h28

Diyarbakir (Turquie), 21 mars 2018 (AFP) — Des centaines de milliers de Kurdes de Turquie célébraient mercredi leur Nouvel An, Norouz, dans un contexte particulièrement tendu cette année par l'offensive d'Ankara dans le nord de la Syrie et l'arrestation de responsables prokurdes.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes vêtues de couleurs vives ont participé, sous haute surveillance policière, à des rassemblements autorisés à Diyarbakir, grande ville du sud-est à majorité kurde de Turquie, et à Istanbul, ont constaté des correspondants de l'AFP.

A Diyarbakir, une marée humaine s'est déversée sur la place traditionnellement utilisée pour les célébrations de Norouz, à l'appel de plusieurs associations et partis politiques prokurdes, dont le principal, le Parti démocratique des peuples (HDP).

Les personnes rassemblées à Istanbul et à Diyarbakir ont dansé des danses traditionnelles, sauté par-dessus des feux et brandi des drapeaux aux couleurs du HDP, selon les correspondants de l'AFP.

Le Nouvel An kurde survient dans un contexte de fortes tensions, en raison notamment de l'arrestation de plusieurs responsables politiques prokurdes, dont du HDP, et de l'offensive que mène la Turquie depuis deux mois dans l'enclave kurde syrienne d'Afrine.

Des militaires turcs et leurs supplétifs syriens ont pris dimanche la ville d'Afrine, tenue jusque-là par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara, mais soutenue par Washington.

L'offensive à Afrine s'est accompagnée en Turquie de l'arrestation de centaines de personnes qui avaient critiqué l'opération militaire sur les réseaux sociaux.

En outre, plusieurs dizaines de personnes soupçonnées de préparer des "provocations" lors des célébrations de Norouz ont été interpellées ces derniers jours, selon les médias turcs.

"Afrine était une ville de paix. Nous n'accepterons jamais l'agression contre les habitants d'Afrine qui se gouvernaient eux-mêmes et vivaient dans la fraternité", a déclaré à Diyarbakir la co-présidente du HDP Pervin Buldan.

"Nous voulons la paix à Afrine. Nous voulons que les guerres cessent", a dit à l'AFP Fuat Bulut, un homme participant aux célébrations à Diyarbakir.

Le sud-est à majorité kurde de la Turquie est agité par des troubles depuis la rupture, en 2015, d'une trêve fragile entre Ankara et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une sanglante guérilla ayant fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.