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Turquie: les faits marquants des dix ans de pouvoir de l'AKP


Samedi 3 novembre 2012 à 13h29

ANKARA, 03 nov 2012 (AFP) — Le Parti de la justice et du développement (AKP) issu de la mouvance islamiste fête samedi ses dix ans à la tête de la Turquie, marqués par d'importantes réformes politiques et économiques mais aussi par des critiques sur le conflit kurde ou son bilan démocratique.

Voici les principales étapes de ce règne de dix ans qui a profondément changé le visage du pays.

-- 2002 --

Le 3 novembre, l'AKP remporte les élections législatives avec 34% des voix, balayant une classe politique minée par les scandales et une crise financière sans précédent. Cette victoire marque la fin d'une ère d'instabilité gouvernementale mais sonne le début de l'inquiétude des milieux attachés à la laïcité.

-- 2004 --

Pour obtenir l'ouverture des négociations d'adhésion à l'Union européenne, le gouvernement turc entreprend une panoplie de réformes démocratiques et brise un tabou pour autoriser la diffusion audiovisuelle du kurde à la télévision publique. Ces discussions s'ouvrent formellement en octobre 2005 mais piétinent depuis, du fait des réticences de plusieurs pays à accueillir en leur sein un pays à majorité musulmane de 75 millions d'âmes.

-- 2007 --

Au printemps, le pays est secoué par une sérieuse crise politique autour de l'élection du nouveau président par l'Assemblée nationale, sur fond de mise en garde de l'armée sur la défense des principes laïcs. L'AKP remporte les élections législatives anticipées en juillet avec 46,7% des suffrages. Recep Tayyip Erdogan conserve son poste de Premier ministre.

Le mois suivant, Abdullah Gül, ministre des Affaires étrangères et proche de M. Erdogan, est élu président de la République. Pour la première fois, la première dame est voilée, après celle du Premier ministre.

Dans les années qui suivent, le gouvernement met progressivement au pas les militaires, qui ont pesé sur la vie politique depuis les années 1960, en lançant des poursuites judiciaires contre de nombreux officiers soupçonnés de vouloir faire tomber le régime. En septembre 2012, pus de 300 d'entre eux sont condamnés à de lourdes peines de prison, une grande première.

-- 2008 --

En février, un amendement constitutionnel très controversé qui prévoit la levée de l'interdiction du foulard islamique à l'université est annulé par la justice, qui demande l'interdiction de l'AKP. La menace judiciaire de dissolution du parti au pouvoir n'est écartée que de justesse. L'interdiction du port du voile islamique dans les universités est finalement assouplie en 2011.

-- 2009-2011 --

Le gouvernement joue la carte de l'ouverture avec la minorité kurde pour en finir avec la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui perdure depuis 1984 au prix de plus de 45.000 morts. Des négociations sont engagées avec la direction du PKK à Oslo (Norvège) mais elles capotent en 2011, notamment sur le sort réservé au chef kurde Abdullah Ocalan, emprisonné à l'isolement depuis 1999. Les combats entre les séparatistes kurdes et l'armée d'Ankara ont repris depuis de plus belle.

-- 2011 --

En juin, l'AKP remporte sa troisième victoire d'affilée aux élections législatives avec près de 50% des suffrages. M. Erdogan entame un nouveau mandat au poste de Premier ministre, son dernier selon les règles en vigueur dans son parti. Il envisage de briguer en 2014 un poste de président de la République dont il souhaite renforcer les pouvoirs à la faveur d'une réforme constitutionnelle.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.