Mercredi 5 avril 2006 à 22h41
DIYARBAKIR (Turquie), 5 avr 2006 (AFP) — Cinq soldats et un policier turcs ont été tués lors de combats avec des rebelles kurdes dans des zones rurales de sud-est de la Turquie à majorité kurde, où le calme était revenu mercredi dans les villes, théâtres de violentes émeutes la semaine dernière.
Deux militaires ont péri mardi dans l'explosion d'une mine posée par les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans les monts Gabar (province de Sirnak, voisine de l'Irak), a-t-on indiqué mercredi de source officielle.
Lors des opérations de l'armée pour capturer les auteurs de l'attentat, trois autres militaires ont été abattus par les rebelles qui leur avaient tendu une "embuscade", a-t-on précisé de même source.
L'attaque a en outre fait deux blessés, selon les médias.
Un policier blessé mardi lors d'une attaque à l'arme automatique des rebelles contre un commissariat de Genç, bourgade de la province de Bingöl, à 200 kilomètres au nord-ouest de Sirnak, a succombé à ses blessures dans la nuit de mardi à mercredi, selon des sources locales.
Le sud-est anatolien a connu plusieurs jours de graves émeutes la semaine dernière après l'enterrement de rebelles abattus par les forces de sécurité.
Douze personnes ont été tuées dans la région au cours de ces heurts et trois autres à Istanbul (nord-ouest) dans une attaque au cocktail Molotov menée par des sympathisants du PKK contre un autobus.
Le calme était revenu mercredi à Diyarbakir, principale ville de la région et théâtre des plus violents affrontements, où policiers et militaires assuraient une surveillance renforcée, a constaté un journaliste de l'AFP.
Aucun incident n'y a été signalé.
A Istanbul, un attentat à la bombe contre une permanence du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) a fait trois blessés et a été revendiqué par un groupe séparatiste kurde, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK).
La bombe avait été placée dans une poubelle à l'entrée de la permanence, au deuxième étage d'un immeuble. Les locaux ont été gravement endommagés.
Trois personnes, dont un permanent de l'AKP, ont été légèrement blessées, a déclaré le chef de l'AKP pour Istanbul, Mehmet Muezzinoglu, à la chaîne de télévision CNN-Turk.
Dans un communiqué publié sur leur site internet, les TAK ont annoncé qu'il s'agissait d'une riposte à la répression des émeutes par les forces gouvernementales et ont menacé de commettre de nouveaux attentats.
"Nous poursuivrons les actions contre l'AKP fasciste et toutes les institutions fascistes qui soutiennent et exécutent le massacre de notre peuple", déclare le groupe.
Dans la journée, le gouvernorat d'Istanbul a annoncé que les forces de sécurité avaient saisi dans un cimetière à Esenyurt 10 kilos de plastic d'un type fréquemment utilisé par les séparatistes kurdes.
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, a multiplié ses opérations dans le sud-est depuis juin 2004, date à laquelle il a mis fin à un cessez-le-feu unilatéral de cinq ans.
Par ailleurs, le ministère public d'un tribunal d'Ankara a rejeté mercredi une demande de rejuger le chef emprisonné à vie du PKK, Abdullah Öcalan, affirmant que les lois en vigueur ne permettaient pas un nouveau procès, selon l'agence de presse Anatolie.
Le chef du PKK, arrêté en 1999, avait demandé en janvier à être rejugé conformément à un arrêt en ce sens de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
Le tribunal doit décider des suites à donner à cette demande.
Plus de 37.000 personnes ont été tuées dans les combats entre les forces de sécurité turques et le PKK depuis le début de son soulèvement en 1984.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.