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Turquie: les dates-clés du conflit kurde


Mercredi 13 février 2019 à 09h10

Ankara, 13 fév 2019 (AFP) — Rappel des principales dates du conflit kurde en Turquie, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984 et s'enracine dans l'Histoire.

- Premières révoltes -

La question kurde est sur la scène internationale depuis le Traité de Sèvres, signé en 1920 par les puissances alliées victorieuses et la Turquie.

Ce traité, qui consacre le démembrement de l'Empire ottoman, prévoit à long terme la création d'un Kurdistan autonome en Anatolie et dans la province de Mossoul.

Mais en 1923, suite à la révolte de Mustafa Kemal (Ataturk) et à sa victoire en Turquie, le Traité de Lausanne conduit à l'abandon des droits des Kurdes, dispersés principalement entre la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie.

Les Kurdes se soulèvent à plusieurs reprises, notamment en 1925 et 1937, contre l'autorité centrale, qui, à chaque fois, réprime leurs révoltes dans le sang.

- PKK: lutte armée -

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) est fondé en 1978 par Abdullah Öcalan, avec d'autres étudiants inspirés par la pensée marxiste-léniniste. Il réclame l'indépendance de la zone kurde, dans le sud-est anatolien où vit actuellement la majorité des quelque 15 millions de Kurdes (près de 20% de la population).

En 1984, des attaques sont menées dans le sud-est de la Turquie par des combattants formés dans les camps de la plaine de la Bekaa (Liban). C'est le début de la lutte armée.

Le PKK va intensifier ses attaques, ciblant les membres des forces de sécurité, des sites touristiques ainsi que les "gardiens de village", une milice kurde pro-Ankara.

En 1987, l'état d'urgence est décrété dans les provinces kurdes.

- Offensive contre le PKK en Irak -

En 1992, l'armée turque entre dans le nord de l'Irak lors d'une offensive contre des bases du PKK, la première depuis que la région, contrôlée par les Kurdes d'Irak, a échappé à l'autorité de Bagdad en 1991. Ankara estime que l'absence d'autorité centrale aide le PKK.

Des combats opposent le PKK aux Kurdes irakiens qui apportent leur soutien à l'armée turque.

La Turquie va mener de fréquentes incursions dans le nord de l'Irak, où elle établit une présence militaire, le PKK ayant installé son état-major dans les monts Kandil, une zone difficile d'accès, près de la frontière.

- Ocalan arrêté et condamné -

Le 15 février 1999, Abdullah Öcalan, en cavale depuis 1980, est capturé au Kenya. Il est condamné à mort le 29 juin pour trahison et tentative de diviser la Turquie.

Sa peine est commuée en 2002 en réclusion à perpétuité, après l'adoption de l'abolition de la peine de mort.

Outre cette réforme, les députés avaient aussi autorisé la diffusion de programmes audiovisuels en langue kurde et l'enseignement privé du kurde.

- Cessez-le-feu -

Des négociations secrètes sont engagées à l'automne 2012 entre les services de renseignement turcs (MIT) et Abdullah Öcalan.

En mars 2013, celui-ci annonce un cessez-le-feu unilatéral. Mais le PKK interrompt en septembre le repli de ses combattants vers leurs bases irakiennes, jugeant qu'Ankara n'a pas mis en oeuvre des réformes promises en faveur de la minorité kurde.

- Reprise du conflit -

Le 20 juillet 2015, la Turquie est rattrapée par le conflit en Syrie qui se déroule depuis 2011 à ses portes, avec un attentat à Suruç (sud). Plus de 30 militants pro-kurdes sont tués dans l'attaque attribuée au groupe Etat islamique (EI).

La guérilla kurde réplique contre les forces de l'ordre turques, accusées de ne pas protéger la population locale.

Ankara lance une "guerre contre le terrorisme" visant simultanément le PKK et l'EI en Syrie. La branche armée du PKK reprend ses attaques contre l'armée et la police.

A partir de 2016, la Turquie déploie des troupes dans certains secteurs du nord syrien, cherchant notamment à éloigner de sa frontière les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara considère comme la branche syrienne du PKK, classé "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.