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Turquie: les chantiers prioritaires du président Erdogan


Dimanche 28 mai 2023 à 20h12

Istanbul, 28 mai 2023 (AFP) — Le président Recep Tayyip Erdogan a été réélu dimanche à la tête de la Turquie, en proie à une grave crise économique et au coeur de nombreuses tensions avec ses alliés.

Voici quelques-uns des dossiers prioritaires qui l'attendent:

LUTTE CONTRE L'INFLATION

- Plus qu'une priorité ce sera une urgence pour soulager une population à bout de souffle: l'inflation officielle restait en avril à plus de 40% sur un an après avoir dépassé les 85% à l'automne, résultat d'une baisse régulière des taux d'intérêt voulue par le président Erdogan.

Entre août et février, le principal taux directeur a été abaissé de 14% à 8,5%, des baisses justifiées par la banque centrale par le souci de soutenir "l'emploi et la production industrielle".

M. Erdogan affirme, à rebours des théories économiques classiques, que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation et il a indiqué pendant sa campagne qu'il n'avait aucune intention de les relever.

- La livre turque a perdu plus de la moitié de sa valeur en deux ans et a atteint cette semaine les 20 livres pour un dollar.

Selon les données officielles, Ankara a dépensé 25 milliards de dollars en un mois pour la soutenir. Mais son effondrement semble inéluctable. D'autant que les réserves en devises sont passées dans le rouge pour la première fois depuis 2002.

LA RECONSTRUCTION POST-SÉISME

Le tremblement de terre de magnitude 7,8 du 6 février a dévasté des zones entières du sud-est de la Turquie, faisant au moins 50.000 morts et plus de trois millions de déplacés.

Le président Erdogan a promis de reconstruire au plus vite 650.000 logements dans les provinces affectées.

Le coût total des dégâts du désastre s'élève à plus de 100 milliards de dollars selon l'ONU et M. Erdogan.

ENTRÉE DE LA SUÈDE DANS L'OTAN

Les alliés de la Turquie au sein de l'Otan attendent qu'Ankara lève son veto à l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique, bloquée depuis mai 2022.

Alors que Stockholm a multiplié les gestes de bonne volonté, dont l'adoption début mai d'une nouvelle loi antiterroriste, la Turquie - comme la Hongrie - est restée inflexible, continuant d'exiger l'extradition de dizaines d'opposants présentés comme des "terroristes" kurdes ou issus du mouvement du prédicateur turc en exil Fethullah Gülen, qu'Ankara accuse d'être derrière la tentative de coup d'Etat de juillet 2016.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Otan doivent se retrouver mardi à Oslo avant le sommet des chefs d'État en juillet à Vilnius, qui escomptent une bonne nouvelle.

Le veto turc à l'encontre de la Finlande a en revanche été levé début avril.

Les deux pays nordiques, traditionnellement neutres, avaient déposé leur demande d'adhésion après l'agression russe contre l'Ukraine en février 2022, se sentant vulnérables face à leur puissant voisin.

RÉCONCILIATION AVEC LA SYRIE

Recep Tayyip Erdogan a tenté ces derniers mois de se rapprocher de son voisin, le président syrien Bachar al-Assad, mais malgré une médiation russe ses tentatives n'ont pas abouti.

M. Assad a exigé en préalable à toute rencontre avec son homologue le retrait des forces turques stationnées dans le nord de la Syrie sous contrôle rebelle et la fin du soutien d'Ankara aux groupes rebelles opposés à Damas.

La Turquie, qui a lancé depuis 2016 plusieurs incursions contre des groupes jihadistes et kurdes en territoire syrien, accueille sur son sol 3,4 millions de réfugiés syriens ayant fui la guerre.

M. Erdogan a annoncé début mai la construction de 200.000 logements sur treize sites du nord de la Syrie pour permettre le retour "volontaire" d'au moins un million de personnes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.