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Turquie: le principal rival d'Erdogan l'accuse de "stigmatiser" les Kurdes


Mardi 18 avril 2023 à 11h09

Istanbul, 18 avr 2023 (AFP) — Le candidat de l'alliance de l'opposition pour la présidentielle turque, Kemal Kiliçdaroglu, a accusé mardi le président Recep Tayyip Erdogan d'associer les Kurdes au terrorisme à l'approche des élections présidentielle et législatives du 14 mai.

"Actuellement, des millions de Kurdes sont traités comme des terroristes", a dénoncé le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) dans une courte vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

"Chaque fois que le Palais voit qu'il va perdre les élections, une stigmatisation collective des Kurdes commence. C'est vraiment gênant", a ajouté M. Kiliçdaroglu, originaire de la province de Dersim (rebaptisée Tunceli, dans l'Est), à majorité kurde et alévie.

"Mes chers amis, ne vous laissez pas berner par leur propagande!", a lancé le candidat de l'Alliance nationale.

L'alliance de l'opposition, formée par six partis aux tendances diverses, avait jusqu'ici été peu diserte sur la question kurde, sujet sensible du fait de la présence en son sein du Bon Parti, influente formation nationaliste.

Les Kurdes, au nombre de 15 millions environ en Turquie, sont considérés comme les faiseurs de roi des élections du mois prochain, annoncées comme les plus périlleuses pour Recep Tayyip Erdogan depuis son arrivée au pouvoir en 2003 en tant que Premier ministre.

Le parti prokurde HDP (Parti démocratique des peuples, troisième force politique turque) a annoncé fin mars qu'il ne présenterait pas de candidat à la présidentielle, apportant un soutien tacite à Kemal Kiliçdaroglu.

Ce dernier a pour sa part affirmé qu'il ferait libérer une fois élu Selahattin Demirtas, figure de proue du HDP, emprisonné depuis 2016 pour "propagande terroriste".

Le président Erdogan répète depuis que M. Kiliçdaroglu "reçoit ses instructions" directement des monts Qandil, au Kurdistan irakien, grande base arrière du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène depuis 1984 une lutte armée contre l'armée turque.

Le gouvernement turc accuse le HDP d'être lié au PKK, groupe qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

M. Kiliçdaroglu avait dénoncé auparavant les "discriminations" contre la langue kurde en Turquie, ainsi que le remplacement ces dernières années dans le Sud-Est à majorité kurde de dizaines de maires HDP par des administrateurs nommés par le gouvernement.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.