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Turquie : le PKK revendique un attentat contre la police dans le sud-est


Jeudi 9 juin 2016 à 17h57

Diyarbakir (Turquie), 9 juin 2016 (AFP) — Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a revendiqué jeudi un attentat à la voiture piégée contre le siège de la police à Midyat, ville du sud-est en majorité kurde de la Turquie, qui avait provoqué la veille la mort de six personnes, dont trois policiers.

"Une attaque suicide d'envergure à été commise contre le siège de la police de l'Etat fasciste à Midyat par un de nos camarades", a souligné dans un communiqué l'aile militaire du mouvement indépendantiste kurde en lutte contre le pouvoir central turc depuis 1984.

Cette attaque avait été commise au lendemain d'un attentat à la voiture piégée à Istanbul contre un véhicule de transport de la police ayant entraîné la mort de 11 personnes, dont six policiers. Celui-ci n'a pas été revendiqué, mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a montré du doigt le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le Premier ministre Binali Yildirim a quant à lui écarté tout dialogue avec le PKK après ces deux attentats en Turquie, déjà cible cette année d'une série d'attaques liées aux jihadistes ou à la reprise du conflit kurde qui ont, au total, fait des dizaines de morts et fortement affaibli le tourisme, secteur clé de l'économie.

"Ces derniers jours, des informations nous sont parvenues de l'organisation terroriste (PKK, ndlr), de manière directe ou indirecte, disant : +Nous pouvons négocier, nous pouvons déposer les armes, parlons+", a déclaré M. Yildirim mercredi soir à Ankara.

"Les amis, il n'y a rien à discuter", a-t-il ajouté, cité par l'agence de presse Anatolie.

- 'Jusqu'à l'apocalypse' -

Mercredi, une voiture piégée a explosé devant le quartier général de la sûreté de Midyat, dans la province de Mardin. Bilan : trois personnes ont été tuées sur le coup et plus de 50 autres blessées, dont trois ont perdu la vie à l'hôpital.

Le sud-est de la Turquie vit au rythme des attentats et des combats quotidiens entre forces de sécurité turques et rebelles depuis la reprise l'été dernier des hostilités qui a sonné le glas des pourparlers de paix entre Ankara et le PKK en vue de mettre un terme à une rébellion ayant fait 40.000 morts depuis 1984.

M. Yildirim, désigné à la tête du gouvernement le mois dernier après le départ d'Ahmet Davutoglu, favorable à la reprise du dialogue avec les indépendantistes kurdes, a épousé la ligne dure du président Erdogan.

Le ministre turc de l'Agriculture Faruk Celik a annoncé jeudi la suspension en Turquie des ventes d'engrais contenant du nitrate, un produit parfois utilisé pour confectionner des bombes artisanales.

M. Erdogan a pour sa part prévenu cette semaine que la lutte contre les rebelles kurdes se poursuivrait "jusqu'à l'apocalypse" dans un discours après l'attentat à la voiture piégée à Istanbul.

L'attaque, la quatrième du genre cette année dans la plus grande ville turque, s'est produite dans le quartier de Vezneciler entre le siège de la municipalité et le campus de l'Université d'Istanbul, près du coeur historique de la cité.

La presse turque, habituellement divisée, a condamné à l'unisson jeudi les attaques, de nombreux journaux soulignant que l'une des victimes de Midyat, une policière, était enceinte de six mois.

Celle-ci, Serife Özden Kalmis, 31 ans, avait été garde du corps de l'ex-président turc Abdullah Gül, qui a exprimé sur Twitter son "immense peine".

Des centaines de personnes ont assisté jeudi aux funérailles des victimes de Midyat, accompagnant les cercueils recouverts de drapeaux turcs.

Depuis la reprise des combats, des centaines de rebelles ont été tués par les forces de sécurité qui ont aussi essuyé de nombreuses pertes dans leurs rangs. Des dizaines de civils ont également trouvé la mort dans les combats, selon des ONG.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.