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Turquie: le PKK reprend sa violente campagne d'attentats après le putsch


Jeudi 18 août 2016 à 11h16

Ankara, 18 août 2016 (AFP) — Après quelques semaines de calme relatif suite au putsch manqué en Turquie, la guérilla kurde a lancé une nouvelle campagne d'attentats meurtriers qui touchent, pour la première fois, des régions où la population n'est pas majoritairement kurde.

En quelques heures, deux attaques imputées au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) ont fait au moins six morts et plus de 200 blessés dans l'est du pays.

"Il est évident que le PKK veut profiter de l'actuelle atmosphère en Turquie. Toute organisation terroriste aime profiter des crises", a indiqué à l'AFP une source proche du gouvernement, en référence au coup d'Etat raté qui a ébranlé quelques heures le pouvoir du président Recept Tayyip Erdogan le 15 juillet.

Au moins trois policiers ont été tués et 146 autres personnes blessées, dont 14 grièvement, jeudi dans un attentat à la voiture piégée survenu à Elazig (est), un bastion conservateur et nationaliste turc, jusqu'à présent épargné des ravages du conflit kurde, a déclaré le gouvernorat d'Elazig dans un communiqué.

L'attaque rapidement attribuée au PKK par le ministre de la Défense, Fikri Isik, a visé le siège de la police de cette province non kurde de l'est de la Turquie. Elle a provoqué des dégâts considérables dans le bâtiment de quatre étages et les immeubles avoisinants, dont des logements pour les familles des policiers en état de choc, selon les chaînes de télévision.

Des secouristes, apparemment des citoyens, qui sont entrés dans le bâtiment ravagé immédiatement après la déflagration entendue à des kilomètres à la ronde criaient frénétiquement "est-ce qu'il y a quelqu'un ! " à la recherche de survivants, selon les images spectaculaires diffusées par CNN-Türk.

L'explosion a creusé un cratère de plusieurs mètres de diamètre.

Elazig est connu pour avoir été un havre de tranquillité depuis de longues années et aucun attentat n'avait été enregistré dans la ville.

- Jamais de telle attaque à Elazig -

"Jusqu'à présent nous n'avions jamais eu une telle attaque dans la ville, ni reçu de renseignement sur une éventuelle attaque", a indiqué sur CNN-Türk Omer Serdar, député de cette province du parti islamo-conservateur au pouvoir AKP (Parti de la justice et du développement), visiblement très surpris.

Quelques heures plus tôt, dans la nuit de mercredi à jeudi, trois personnes, deux civils et un policier, avaient été tuées et 73 blessées à Van (est) dans un attentat à la voiture piégée également attribué au PKK par les autorités locales.

Environ une tonne d'explosifs aurait été utilisée, selon l'agence de presse Dogan.

Van est une grande ville à population mixte kurde et turque et une destination touristique populaire, proche de l'Iran, abritant des vestiges des civilisations passées, dont arménienne.

Elle avait aussi été relativement épargnée par les violences qui perdurent depuis 1984 et qui ont coûté la vie à plus de 40.000 personnes.

Lundi dernier, huit personnes - cinq policiers et trois civils - dont un garçonnet de cinq ans, ont été tuées par un attentat à la voiture piégée du PKK contre un poste de police sur une autoroute de Van, située à la frontière avec l'Iran.

Les forces de sécurité subissent des attaques quasi-quotidiennes du PKK depuis qu'un cessez-le-feu entre les rebelles kurdes et les forces gouvernementales a pris fin en 2015. Des centaines de policiers et de militaires ont été tués.

Dans la foulée de la purge lancée par les autorités turques contre les sympathisants du prédicateur musulman Fethullah Gülen, accusé d'être l'instigateur du putsch avorté, des milliers de policiers et de soldats ont été limogés ou placés en détention, faisant craindre un affaiblissement des moyens de l'Etat pour combattre efficacement le PKK.

Mais le ministre de la Défense a assuré à l'agence de presse progouvernementale Anadolu que "depuis le 15 juillet la République de Turquie est encore plus forte" et allait réussir à éradiquer tôt ou tard le PKK.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.