Jeudi 27 février 2025 à 10h16
Istanbul, 27 fév 2025 (AFP) — Le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, pourrait appeler jeudi à déposer les armes, après quatre décennies d'une guérilla meurtrière.
Voici cinq moments-clés de l'histoire du PKK et de son fondateur, icône du mouvement kurde.
1978-1984: création du PKK et début de la lutte armée
D'obédience marxiste-léniniste à sa naissance, le PKK se forme autour d'un noyau d'étudiants de l'université d'Ankara en 1978, dont l'objectif est de parvenir à la libération du Kurdistan.
Ses fondateurs sont principalement (mais pas exclusivement) kurdes comme Abdullah Öcalan, étudiant en sciences politiques.
En 1980, le coup d'Etat militaire en Turquie force le PKK et son chef à s'expatrier en Syrie et au Liban (alors occupé par l'armée de Hafez al-Assad): le PKK s'y entraîne dans la plaine de la Bekaa.
En 1984, le PKK s'engage dans une série d'attentats, ciblant notamment des postes et des convois militaires turcs.
La répression conduite en retour par l'Etat enclenche un cycle de violences, en particulier dans le sud-est du pays à majorité kurde, placé en état de quasi guerre civile. Sans gain militaire significatif.
1999: capture d'Öcalan
Menacé, le chef du PKK a quitté la Syrie et entamé un périple entre plusieurs pays européens. Il est arrêté le 15 février 1999 au Kenya.
Condamné à mort en Turquie, il est placé à l'isolement sur l'île-prison d'Imrali, au large d'Istanbul. Sa peine est commuée en prison à vie en 2002 quand la Turquie renonce à la peine capitale.
2013-2015: le pari de la trêve
Abdullah Öcalan appelle le PKK à déposer les armes à l'occasion du Nouvel An kurde, le 21 mars 2013, alors que s'engagent des négociations avec le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan via les députés du parti prokurde HDP (devenu DEM).
C'est la première vraie trêve après une précédente tentative au début des années 2000. Elle vole en éclat après un attentat antikurde meurtrier en juillet 2015 à la frontière syrienne (34 morts).
La victoire de candidats prokurdes aux élections législatives en 2015 suscite un nouveau durcissement du pouvoir qui craint de perdre la main.
2015-2016: la guerre du Sud-Est
L'aviation turque multiplie les raids anti-PKK en Irak et mène une vaste offensive militaire dans le sud-est de la Turquie où le PKK lance un "soulèvement urbain".
S'ensuivent des combats quotidiens, dévastateurs, jusqu'au coeur de grandes villes, dont Diyarbakir, qui laissent un sentiment amer dans la population.
Les combats se doublent d'attentats sanglants à Ankara et Istanbul. L'Etat répond par une répression accrue contre les partis prokurdes, notamment le HDP.
Vaincus par la puissance de feu d'Ankara, les combattants se replient dans le nord de l'Irak et de la Syrie.
La Turquie se déploie progressivement dans le nord de la Syrie où elle entend instaurer une "zone de sécurité" pour protéger ses frontières. En décembre 2024, elle admettait la présence de 16.000 à 18.000 soldats.
2024-2025: la main tendue
Après une décennie de statu quo militaire, le chef du parti nationaliste MHP, principal allié du président Erdogan, propose à Abdullah Öcalan, 75 ans, d'appeler le PKK à déposer les armes et de "venir s'exprimer devant le Parlement".
Des élus du parti prokurde DEM, troisième force au Parlement turc, le rencontrent à trois reprises entre le 28 décembre et le 27 février dans sa prison à Imrali, promettant de rapporter "une déclaration historique" au terme de leur troisième visite.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.