Samedi 30 septembre 2006 à 17h45
ANKARA, 30 sept 2006 (AFP) — Les rebelles séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont décrété un cessez-le-feu unilatéral à partir de dimanche dans leurs opérations contre les forces d'Ankara, a rapporté samedi l'agence de presse pro-kurde Firat News.
"La durée de cette trêve dépendra des pas effectués et des développements survenus", ajoute l'agence qui cite une déclaration de la Communauté du peuple kurde (KKK), organisation parapluie regroupant le PKK et ses groupes affiliés.
Les armes ne seront pas utilisées tant que l'armée turque ne lancera pas d'attaques visant à l'anéantissement de la rébellion, poursuit Firat News, dont le siège est en Europe.
Le KKK indique, selon Firat News, qu'aucun mouvement militaire n'aura lieu en dehors d'opérations "logistiques et de précaution".
Depuis sa cellule, le chef emprisonné du PKK Abdullah Öcalan avait appelé jeudi son organisation à proclamer une trêve.
Öcalan, s'exprimant via ses avocats, avait également appelé les autorités d'Ankara à ne pas considérer ce geste comme une preuve de"faiblesse", mais comme une occasion de réconciliation entre les peuples turc et kurde, tout en prévenant que cette "chance pourrait être la dernière".
Le chef rebelle purge depuis 1999 une peine de prison à vie sur l'île d'Imrali (nord-ouest).
Le même jour, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a balayé d'un revers de main cet appel, estimant que "un cessez-le-feu se fait entre des Etats, c'est quelque chose d'inapproprié pour une organisation terroriste" et que le PKK "doit déposer les armes".
Le numéro 2 du PKK Murat Karyilan a confirmé samedi la trêve lors d'une conférence de presse dans les monts Qandil, dans le nord de l'Irak.
"La seule voie pour régler les problèmes de la région est de se baser sur le dialogue démocratique et de donner vie à un système démocratique et moderne en respectant les différences nationales ou religieuses", a déclaré M. Karayilan, selon un communiqué du PKK transmis à l'AFP.
L'annonce intervient alors que les Etats-Unis ont nommé un émissaire spécial pour coordonner avec la Turquie la lutte contre le groupe armé et que M. Erdogan doit rencontrer lundi à Washington le président américain George W. Bush pour s'entretenir notamment des mesures à prendre contre le PKK.
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, dispose de plusieurs camps dans le nord de l'Irak, depuis lesquels ses militants s'inflitrent en territoire turc pour des attaques sporadiques.
Ankara s'est souvent plaint de l'inaction de Bagdad et de Washington face au PKK dans cette zone.
Karayilan a conseillé samedi aux Etats-Unis de ne "pas considérer le PKK comme une organisation terroriste" et de ne pas envisager de "plan de liquidation".
"Une approche des puissances internationales, et en premier lieu des Etats-Unis, insistant sur une résolution démocratique au lieu de voies violentes pour régler la question kurde aura des résultats positifs sur la paix régionale et mondiale", a-t-il commenté.
Le PKK a décrété quatre trêves dans le passé, qui ont toutes été rejetées par l'armée turque.
La dernière d'entre elles, décrétée en 1999 à la suite de l'arrestation d'Abdullah Öcalan, a pris fin en juin 2004.
Les rebelles, qui se battent pour l'indépendance du Sud-Est anatolien, à la population majoritairement kurde, ont depuis multiplié leurs opérations.
Elles ont coûté la vie à 79 membres des forces de sécurité et à 110 militants depuis le début de l'année, selon un comptage de l'AFP d'après les chiffres donnés par l'armée.
Un nouveau groupe armé kurde, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), affilié selon les autorités au PKK, a revendiqué depuis l'an dernier plusieurs attentats meurtriers dans l'ouest de la Turquie.
Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 37.000 morts depuis le déclenchement de l'insurrection, en 1984.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.