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Turquie: le parti prokurde mobilise contre le renforcement d'Erdogan


Jeudi 2 mars 2017 à 15h18

Istanbul, 2 mars 2017 (AFP) —

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées jeudi à l'appel du principal parti prokurde de Turquie pour dire "non" à une révision constitutionnelle qui renforcerait considérablement les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.

Pour le lancement de sa campagne pour le référendum du 16 avril, le Parti démocratique des peuples (HDP), dont les dirigeants ont été arrêtés, a organisé trois meetings simultanés à Istanbul, Diyarbakir (sud-est) et Izmir (ouest).

"Le plus grand fléau de l'histoire de notre République frappe à notre porte", a déclaré le porte-parole du HDP Osman Baydemir dans une salle pleine à craquer à Istanbul. "Mais ne perdez pas espoir, ne soyez pas apeurés, des jours meilleurs sont à notre portée si nous disons +non+", a-t-il lancé sous les vivats.

La réforme constitutionnelle transférerait l'ensemble du pouvoir exécutif au président, une perspective qui inquiète les détracteurs de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire, notamment depuis la tentative de putsch de juillet dernier.

Après le coup de force, le gouvernement a lancé des purges d'une vaste ampleur qui ont notamment frappé les milieux prokurdes. Les co-présidents du HDP, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, sont ainsi incarcérés depuis le mois de novembre.

"En jetant en prison les dirigeants du HDP, ils ont en même temps emprisonné les millions de personnes qui ont voté pour le parti", dit à l'AFP Zeynep, une jeune militante de 25 ans, en agitant un poster vert frappé d'un "non" noir.

Deuxième parti d'opposition du pays, le HDP semble aujourd'hui affaibli et contraint de tenir ses meetings dans des salles de conférence fermées en raison du risque d'attentat.

Il est loin du gigantesque rassemblement organisé le week-end dernier à Ankara par le parti au pouvoir (AKP) qui a réuni des milliers de personnes pour lancer sa campagne référendaire.

Malgré cela, les militants interrogés jeudi par l'AFP se disent confiants. "Le +non+ l'a déjà emporté, mais ils ne le savent pas encore !", a rugi Sirri Süreyya Onder, député HDP à Ankara, suscitant des cris de joie et des youyous dans la salle.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.