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Turquie: le Parlement reprend les efforts pour réformer la Constitution


Vendredi 8 janvier 2016 à 10h32

Ankara, 8 jan 2016 (AFP) — Le Parlement turc va mettre en place une nouvelle commission chargée de réformer l'actuelle Constitution, à la demande pressante du président Recep Tayyip Erdogan qui souhaite renforcer ses pouvoirs, a annoncé vendredi son président, Ismail Kahraman.

"Je vais envoyer aujourd'hui des lettres aux chefs des quatre partis représentés à l'Assemblée pour les inviter à former une commission de consensus qui oeuvrera sur une nouvelle loi fondamentale", a déclaré M. Kahraman devant la presse.

En 2013 déjà, le Parlement turc avait échoué rédiger une nouvelle constitution pour remplacer celle héritée de la junte militaire après le putsch de 1980.

Depuis son élection à la tête de l'Etat en 2014, M. Erdogan, qui a dirigé auparavant le gouvernement pendant onze ans, milite avec insistance pour une présidentialisation du système politique turc, qui accorde au Premier ministre l'essentiel du pouvoir exécutif.

Son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a remporté la majorité absolue lors du scrutin législatif du 1er novembre. Mais avec "seulement" 317 des 550 sièges de députés, il ne détient pas la majorité qualifiée nécessaire pour organiser un référendum ou faire voter une réforme constitutionnelle.

M. Kahraman n'a pas fixé vendredi de date-butoir pour les travaux de la future commission mais a espéré un accord dans un délai acceptable.

"Je suis très optimiste. Tous les partis conviennent de la nécessité d'une nouvelle Constitution. Le texte actuel est devenu un patchwork dans lequel plus de 63% de ses articles initiaux ont déjà été amendés", a-t-il souligné.

Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a lancé la semaine dernière des consultations avec deux des trois partis d'opposition représentés au Parlement mais en a exclu le Parti pour la démocratie des peuples (HDP, prokurde), dont les chefs se sont prononcés pour la reconnaissance d'une forme d'autonomie pour la minorité kurde.

Ces déclarations ont été violemment rejetées par le régime, à l'heure où des combats meurtriers ont repris depuis l'été entre les forces de sécurité et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est à majorité kurde du pays.

Les chefs de l'opposition sociale-démocrate et nationaliste se sont déclarés favorables à une réforme mais pas à la présidentialisation préconisée par M. Erdogan, qu'ils accusent de dérive autoritaire.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.