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Turquie: le Parlement européen critique la dégradation de l'Etat de droit


Mardi 7 juin 2022 à 20h33

Strasbourg, 7 juin 2022 (AFP) — Le Parlement européen a mis en garde mardi contre la dégradation des droits humains en Turquie, réclamant de réels efforts d'Ankara sans lesquels aucune perspective de reprise des négociations d'adhésion à l'UE ne serait possible.

Par 448 voix (67 voix contre, 107 abstentions), les eurodéputés ont adopté un rapport non contraignant qui déplore "le recul des libertés fondamentales, de la démocratie et de l'Etat de droit" en Turquie et insiste sur le "manque de volonté politique de mener à bien les réformes nécessaires" en la matière.

Le Parlement et les institutions européennes ne "doivent pas rester silencieux face à la spirale autoritaire actuelle dans laquelle s'enfonce le pays", avait réclamé, lors d'un débat lundi soir, l'eurodéputé socialiste espagnol Nacho Sanchez Amor, auteur du rapport.

Si le Parlement juge "essentielle" la coopération UE-Turquie et reconnaît une amélioration récente des relations avec Ankara, important médiateur dans la guerre en Ukraine, il insiste sur les problèmes réguliers se posant avec les Etats-membres limitrophes, en particulier Chypre et la Grèce.

Le Parlement européen déplore également les objections de la Turquie à l'adhésion à l'OTAN de la Suède et de la Finlande, réclamant que les demandes de Stockholm et Helsinki soient examinées "de bonne foi".

Ankara bloque l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'alliance atlantique, en accusant ces deux pays scandinaves d'héberger des "terroristes" du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et leurs alliés.

Mardi après-midi, le ministère des Affaires étrangères turc a réagi en qualifiant l'approche du rapport de "superficielle" et "biaisée", estimant que le Parlement européen "tolérait" en son sein des "membres d'organisation terroriste" et qu'il avait "perdu sa crédibilité".

"Les affirmations relatives à la démocratie, à l'Etat de droit et aux droits humains concernant notre pays et les points de vue sans fondement du rapport reflétant les intérêts étroits d'un ou deux membres de l'UE sur les questions de la mer Égée, de la Méditerranée orientale et de Chypre sont nuls et non avenus pour nous", a-t-on également pu lire dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères turc.

Début mai, le Parlement européen avait déjà voté un texte non contraignant dans lequel il estimait que la Turquie s'était fermée la porte de l'UE en condamnant à la prison à vie le mécène turc Osman Kavala.

Les négociations sur une éventuelle adhésion de la Turquie à l'UE, entamées en 2005, se sont enlisées ces dernières années en raison de vives tensions entre Ankara et Bruxelles sur de multiples fronts. Elles se sont envenimées après la tentative de putsch en juillet 2016 et la répression qui a suivi, et sont désormais au point mort depuis 2018.

"Je ne crois pas que le processus d'adhésion puisse survivre cinq ans de plus, même si c'est le meilleur levier dont nous disposons pour défendre la société civile", a regretté M. Sanchez Amor.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.