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Turquie: le Parlement européen critique la dégradation de l'état de droit


Mardi 7 juin 2022 à 16h28

Strasbourg, 7 juin 2022 (AFP) — Le Parlement européen a mis en garde mardi contre la dégradation des droits humains en Turquie, réclamant de réels efforts d'Ankara sans lesquels aucune perspective de reprise des négociations d'adhésion à l'UE n'est possible.

Par 448 voix (67 voix contre, 107 abstentions), les eurodéputés ont adopté un rapport non contraignant qui déplore "le recul des libertés fondamentales, de la démocratie et de l'état de droit" en Turquie et insiste sur le "manque de volonté politique de mener à bien les réformes nécessaires" en la matière.

Le Parlement et les institutions européennes ne "doivent pas rester silencieux face à la spirale autoritaire actuelle dans laquelle s'enfonce le pays", avait réclamé, lors d'un débat lundi soir, l'eurodéputé socialiste espagnol Nacho Sanchez Amor, auteur du rapport.

Si le Parlement juge "essentielle" la coopération UE-Turquie et reconnaît une amélioration récente des relations avec Ankara, important médiateur dans la guerre en Ukraine, il insiste sur les problèmes réguliers se posant avec les états-membres limitrophes, en particulier Chypre et la Grèce.

Le Parlement européen déplore également les objections de la Turquie à l'adhésion à l'OTAN de la Suède et de la Finlande, réclamant que les demandes de Stockholm et Helsinki soient examinées "de bonne foi".

Ankara bloque l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'alliance atlantique, en accusant ces deux pays scandinaves d'héberger des "terroristes" du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et leurs alliés.

Début mai, le Parlement européen avait déjà voté un texte non contraignant dans lequel il estimait que la Turquie s'était fermée la porte de l'UE en condamnant à la prison à vie le mécène turc Osman Kavala.

Les négociations sur une éventuelle adhésion de la Turquie à l'UE, entamées en 2005, se sont enlisées ces dernières années en raison de vives tensions entre Ankara et Bruxelles sur de multiples fronts. Elles se sont envenimées après la tentative de putsch en juillet 2016 et la répression qui a suivi, et sont désormais au point mort depuis 2018.

"Je ne crois pas que le processus d'adhésion puisse survivre cinq ans de plus, même si c'est le meilleur levier dont nous disposons pour défendre la société civile", a regretté M. Sanchez Amor.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.