Mercredi 9 juillet 2025 à 09h58
Istanbul, 9 juil 2025 (AFP) — La guérilla kurde du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, s'apprête à clore une étape historique vers sa mutation en parti politique turc à l'appel de son fondateur, Abdullah Öcalan.
Le PKK a décidé de mettre fin à plus de quatre décennies de combat contre les forces turques, qui ont fait au moins 45.000 morts, saisissant un processus initié par les autorités d'Ankara depuis octobre.
Dans un long message diffusé mercredi par les médias proches du mouvement, le chef du PKK, détenu depuis 1999, promet de "rapidement" mettre en oeuvre le désarmement promis de ses combattants dont une première cérémonie est attendue d'ici la fin de la semaine, dans le nord de l'Irak.
Surtout, insiste le chef de 76 ans, figure tutélaire du mouvement malgré ses années de détention, "il s'agit d'une transition volontaire de la phase de conflit armé à celle de la démocratie et du droit".
"Les modalités du désarmement seront définies et mises en oeuvre rapidement", promet-il dans un message vidéo qui le montre entouré de six autres détenus du PKK, sur l'île-prison d'Imrali au large d'Istanbul.
Dans cette longue adresse, diffusée par les agences Mezopotamya et Firat News, Abdullah Öcalan rappelle son "appel à la paix et à une société démocratique" du 27 février et salue la réponse positive de son mouvement, qui a annoncé sa dissolution le 12 mai.
- "obsolescence" -
Le chef du PKK a saisi une main tendue à l'automne par le pouvoir turc via l'allié nationaliste du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, Devlet Bahceli.
S'en est ensuivi une médiation conduite par le parti pro-kurde DEM, troisième force au Parlement turc, qui s'est rendue à plusieurs reprises auprès de M. Öcalan et a relayé les messages des deux parties.
"Le processus va s'accélérer davantage quand l'organisation terroriste commencera à mettre en oeuvre sa promesse de déposer les armes", avait jugé samedi le président Erdogan.
Il a reçu lundi la délégation du DEM, puis le chef des renseignements turcs, Ibrahim Kalin, s'est rendu mardi à Bagdad, laissant augurer un dénouement proche.
"Je tiens à préciser que tous ces événements sont le fruit des réunions que j'ai tenues à Imrali", ajoute le chef du PKK dont le sort reste incertain.
"Les progrès que nous avons réalisés nécessitent de nouvelles mesures concrètes. Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale, et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insiste-t-il.
Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Kandil, dans le nord de l'Irak, soumis aux opérations de ratissage de l'armée turque et à des bombardements aériens intenses.
Le processus de paix doit désormais ouvrir un cadre politique, "indispensable" à son succès, souligne Abdullah Öcalan, avec la mise en place d'une commission ad hoc au sein du Parlement turc.
Le fondateur du mouvement initialement marxiste insiste sur "le caractère historique de cette étape" et constate "l'impasse" de la lutte armée.
"Le PKK, fondé sur la quête d'un Etat indépendant, ainsi que sur sa stratégie de guerre de libération nationale, a été anéanti. Son existence a été reconnue, son objectif principal a donc été atteint".
"Tout le reste a été rejeté comme une répétition excessive et une impasse".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.