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Turquie: le chef du PKK confirme un désarmement "rapide"


Mercredi 9 juillet 2025 à 12h07

Istanbul, 9 juil 2025 (AFP) — La guérilla kurde du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, s'apprête à clore une étape historique vers sa mutation en parti politique turc à l'appel de son fondateur, Abdullah Öcalan.

Le PKK a décidé de mettre fin à plus de quatre décennies de combat contre les forces turques, qui ont fait au moins 45.000 morts, saisissant un processus initié par les autorités d'Ankara depuis octobre.

Dans un long message diffusé mercredi par les médias proches du mouvement, le chef du PKK, détenu depuis 1999, promet de "rapidement" mettre en oeuvre le désarmement promis de ses combattants dont une première cérémonie est attendue vendredi, dans le nord de l'Irak.

Le président Recep Tayyip Erdogan a aussitôt confirmé sa confiance en un dénouement imminent: "Nous attendons des nouvelles positives dans les jours à venir", a salué le chef de l'Etat devant les députés de son parti AKP, espérant que "ce processus prometteur se concluera avec succès le plus rapidement possible, sans obstacle, ni risque de sabotage".

Surtout, insiste M. Öcalan, 76 ans, figure tutélaire du mouvement malgré ses années de détention, "il s'agit d'une transition volontaire de la phase de conflit armé à celle de la démocratie et du droit".

"Les modalités du désarmement seront définies et mises en oeuvre rapidement", promet-il dans un message vidéo qui le montre entouré de six autres détenus du PKK, sur l'île-prison d'Imrali au large d'Istanbul.

Dans cette longue adresse, diffusée par les agences Mezopotamya et Firat News, Abdullah Öcalan rappelle son "appel à la paix et à une société démocratique" du 27 février et salue la réponse positive de son mouvement, qui a annoncé sa dissolution le 12 mai.

Le chef du PKK a saisi une main tendue à l'automne par le pouvoir turc via l'allié nationaliste du gouvernement Devlet Bahceli, que M. Erdogan a salué de nouveau.

Le PKK est classé jusqu'à présent par Ankara et ses alliés occidentaux comme un mouvement "terroriste".

- "impasse de la lutte armée" -

S'en est ensuivi une médiation conduite par le parti pro-kurde DEM, troisième force au Parlement turc, qui s'est rendue à plusieurs reprises auprès de M. Öcalan et a relayé les messages des deux parties.

"Le processus va s'accélérer davantage quand l'organisation terroriste commencera à mettre en oeuvre sa promesse de déposer les armes", avait jugé samedi le président Erdogan.

Il a reçu lundi la délégation du DEM, puis le chef des renseignements turcs, Ibrahim Kalin, s'est rendu mardi à Bagdad, laissant augurer un dénouement proche.

"Je tiens à préciser que tous ces événements sont le fruit des réunions que j'ai tenues à Imrali", ajoute le chef du PKK dont le sort reste incertain.

"Les progrès que nous avons réalisés nécessitent de nouvelles mesures concrètes. Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale, et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insiste-t-il.

Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Kandil, dans le nord de l'Irak, soumis aux opérations de ratissage de l'armée turque et à des bombardements aériens intenses.

Le processus de paix doit désormais ouvrir un cadre politique, "indispensable" à son succès, souligne Abdullah Öcalan, avec la mise en place d'une commission ad hoc au sein du Parlement turc.

Selon un responsable irakien, "la Turquie va faire le nécessaire pour que le Parlement adopte une loi d'amnistie pour chacun".

"Les combattants et leurs commandants pourront ainsi rentrer en Turquie. Leurs armes seront détruites plutôt que rendues", a-t-il précisé à l'AFP. "Le processus sera complété en 2026 et un nouveau parti créé en Turquie".

Le fondateur du PKK initialement marxiste insiste sur "le caractère historique de cette étape" et constate "l'impasse" de la lutte armée.

"Le PKK, fondé sur la quête d'un Etat indépendant, provenant du déni d'existence (du peuple kurde, ndlr) ainsi que sur sa stratégie de guerre de libération nationale, a pris fin. Son existence a été reconnue, son objectif principal a donc été atteint".

"Tout le reste a été rejeté comme une répétition excessive et une impasse".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.