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Turquie: le bâtonnier de Diyarbakir accusé de "propagande terroriste" relâché


Mardi 20 octobre 2015 à 16h29

Istanbul, 20 oct 2015 (AFP) — Un tribunal d'Istanbul a remis en liberté mardi le bâtonnier de l'ordre des avocats de Diyarbakir, la "capitale" du sud-est à majorité kurde de la Turquie, interpellé sur ordre du parquet pour "propagande terroriste", a rapporté la presse locale.

Avocat connu et engagé de la cause kurde, Tahir Elçi avait été interpellé à l'aube par la police antiterroriste dans son bureau de Diyarbakir puis conduit à Istanbul, où il a été interrogé par des procureurs qui ont requis son placement en détention.

Les juges ont rejeté cette demande et remis le suspect en liberté sous contrôle judiciaire, lui interdisant notamment de quitter la Turquie, ont annoncé les chaînes d'informations.

Plusieurs personnalités politiques prokurdes, dont des élus du Parti démocratique des peuples (HDP), se sont rendus au palais de justice du district de Bakirköy à Istanbul pour manifester leur soutien à M. Elci, a précisé l'agence de presse Dogan.

Ses confrères se sont également réunis devant le palais de justice de Diyarbakir.

L'avocat était poursuivi pour un entretien accordé la semaine dernière à la chaîne d'information CNN Türk, dans lequel il avait affirmé que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) "n'est pas une organisation terroriste".

Dans le droit pénal turc, l'"apologie du terrorisme" est un crime puni d'emprisonnement.

"Le PKK est un mouvement politique qui a d'importantes revendications politiques et qui dispose d'un large soutien, même si certaines de ses actions sont de caractère terroriste", avait affirmé M. Elçi sur CNN Türk, provoquant l'indignation des autres invités.

Lors de son arrestation, le bâtonnier avait lui-même dénoncé les charges retenues contre lui. "Cette scène montre de façon éclatante l'état de la liberté d'expression en Turquie aujourd'hui", avait-il lancé devant la presse.

Le PKK, qui mène depuis 1984 une rébellion contre l'Etat turc qui a fait au moins 40.000 morts, est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis, l'Union européenne et bon nombre de pays.

Le gouvernement islamo-conservateur turc, au pouvoir depuis treize ans, a engagé à l'automne 2012 des discussions de paix avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, mais ces pourparlers ont capoté à la veille des élections législatives du 7 juin.

Le cessez-le-feu fragile qui régnait depuis le printemps 2013 a volé en éclats en juillet dernier. Le PKK a repris sa campagne d'attentats meurtriers contre les forces de sécurité kurdes, qui ont répondu en multipliant les frappes aériennes contre les cibles rebelles, notamment ses bases arrière du nord de l'Irak.

Le PKK a annoncé le 10 octobre une trêve à la veille des élections législatives anticipées du 1er novembre, mais les affrontements se poursuivent dans le sud-est du pays.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.