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Turquie: le 1er parti pro-kurde, menacé d'interdiction, présente sa défense


Mardi 16 septembre 2008 à 14h46

ANKARA, 16 sept 2008 (AFP) — Le principal parti pro-kurde de Turquie, menacé de dissolution pour collusion avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), a présenté mardi sa défense devant la Cour constitutionnelle qui le juge.

"Nous voulons que le DTP (Parti pour une société démocratique) ne soit pas interdit", a déclaré à la presse le président du parti, Ahmet Türk, au terme de la défense présentée devant la Cour habilitée à dissoudre les formations politiques.

L'interdiction d'un parti qui a recueilli 2 millions de votes aux dernières législatives "va sans doute créer une déception chez les gens qui ont voté pour lui", a estimé M. Türk.

Le procureur de la Cour de cassation avait réclamé en novembre 2007 l'interdiction du DTP au motif que, par ses liens supposés avec les séparatistes du PKK, il était un "foyer d'activités préjudiciables à l'indépendance de l'Etat et à son unité indivisible".

Le DTP, qui détient 21 des 550 sièges du Parlement, rejette ces accusations, tout en refusant de qualifier le PKK d'organisation terroriste.

"Le DTP n'a pas de liens organiques avec le PKK mais nous ne pouvons pas ignorer les réalités" sur le terrain, c'est-à-dire dans le sud-est anatolien à majorité kurde, où le PKK continue de marquer les esprits.

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, se bat depuis 1984 pour l'autonomie de cette région. Le conflit a fait plus de 37.000 morts.

La Turquie a entamé en 2005 de difficiles négociations d'adhésion à l'UE après avoir mené une série de réformes démocratiques, notamment en faveur de sa communauté kurde.

Le DTP succède à une lignée de partis pro-kurdes dissous, dont le plus connu à l'étranger est le Parti démocratique (DEP). Quatre députés, dont la lauréate du prix Sakharov des droits de l'Homme, Leyla Zana, ont purgé de 1994 à 2004 une peine de dix ans de prison pour liens présumés avec le PKK.

Le verdict de la Cour constitutionnelle sur le DTP devrait intervenir dans les semaines à venir.

La même cour a décidé en juillet de ne pas dissoudre le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir et accusée d'activités anti-laïques.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.