Jeudi 13 decembre 2012 à 15h44
ISTANBUL, 13 déc 2012 (AFP) — Le quatrième procès de la sociologue turque Pinar Selek, accusée d'avoir participé à un attentat meurtrier commis il y a quatorze ans mais déjà acquittée à trois reprises, s'est ouvert jeudi devant un tribunal d'Istanbul en l'absence de l'accusée qui vit désormais en exil à Strasbourg, en France.
Avant l'audience, la comédienne Deniz Türkali, membre d'un comité de soutien créé en faveur de l'accusée, a dénoncé devant le palais de justice un "procès ubuesque". "Nous serons à ses côtés tant que justice sera faite", a-t-elle déclaré, citée par l'agence Anatolie.
Le cas de Pinar Selek, 41 ans et menacée d'une condamnation à la perpétuité, est très controversé et dénoncé par les défenseurs des droits de l'Homme.
La sociologue, connue pour ses recherches sur les minorités marginalisées, notamment les Kurdes et les transsexuels, est accusée d'avoir aidé des rebelles kurdes à commettre un attentat à l'explosif contre un site très touristique à Istanbul, le marché des épices sur la Corne d'or, qui a fait sept morts en 1998.
Arrêtée et incarcérée à l'âge de 27 ans, elle a été impliquée dans cette affaire après avoir refusé de donner à la police les noms de rebelles qu'elle avait rencontrés dans le cadre de ses recherches. Elle a été libérée en 2000 après la publication d'un rapport attribuant l'explosion à une fuite de gaz.
Un tribunal d'Istanbul a récemment estimé que le dernier arrêt rendu par la Cour de cassation, qui invalidait l'acquittement de l'accusée, était recevable et que la sociologue serait donc rejugée.
Les tribunaux turcs, estimant que le caractère criminel de l'explosion n'était pas établi et prenant en compte la rétractation du principal témoin incriminant Pinar Selek, ont acquitté à trois reprises la chercheuse, mais à chaque fois la Cour de cassation a invalidé la décision.
Mme Selek bénéficie d'un soutien en France. La parlementaire européenne Catherine Trautmann par exemple a envoyé une lettre au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Dans des déclarations à la presse française, la sociologue a expliqué avoir grandi dans un milieu militant. Son père, avocat qui l'a défendu depuis des années devant la justice turque, était un intellectuel de gauche, qui a passé quatre ans derrière les barreaux à la suite du coup dEtat militaire de 1980.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.