
Dimanche 30 novembre 2025 à 14h51
Kandil (Irak), 30 nov 2025 (AFP) — La guérilla kurde du PKK n'ira pas plus loin dans les négociations de paix avec Ankara, estimant que c'est au tour de la Turquie d'agir et de libérer son chef historique Abdullah Öcalan, a déclaré un de ses commandants à l'AFP.
"Nous avons fait ce qu'on nous a demandé. C'est au tour de l'Etat turc. En Turquie il y a eu des discussions mais aucune avancée concrète (...). Désormais nous attendons que l'État turc prenne des mesures et c'est à lui de faire les (prochains) pas", a déclaré le commandant Amed Malazgirt, qui a exigé par ailleurs la libération de M. Öcalan, 76 ans, détenu depuis 1999 sur l'île-prison d'Imrali, au large d'Istanbul.
Le chef militaire du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rencontré samedi dans les montagnes du Kurdistan dans le nord de l'Irak, a salué la création d'une commission transpartisane au sein du Parlement turc.
"L'État turc a fait un geste positif, mais ce n'est pas la seule action nécessaire", a-t-il estimé tout en précisant "suivre de près" ses travaux.
"Nous avons deux revendications. Premièrement, la libération du leader Apo ("oncle", en kurde, surnom d'Abdullah Öcalan, NDLR)... Faute de quoi le processus ne réussira pas. La deuxième est la reconnaissance constitutionnelle et officielle du peuple kurde en Turquie", a-t-il insisté.
Le responsable a tenu également à "clarifier" la notion de désarmement après une opération symbolique, en juillet, lors de laquelle une trentaine de combattants du PKK avaient brûlé leurs fusils.
"C'est l'État turc qui a promu ce récit affirmant qu'il nous avait appelés à déposer nos armes: nous, nous nous sommes engagés à ne pas les utiliser contre l'État turc. Il y a une différence et ce que nous avons fait correspond à ce que le leader Apo a demandé", a-t-il déclaré.
"Nous avons dit que nous n'utiliserons pas les armes contre l'État turc et jusqu'à ce jour, nous ne les avons pas utilisées", a-t-il relevé.
Concernant le sort de M. Öcalan, fondateur du PKK et leader toujours incontesté pour ses partisans, la commandante Serda Mazlum Gabar a fait valoir à l'AFP qu'il est emprisonné depuis "de nombreuses années".
"Nous visons d'abord la reconnaissance du droit à l'espoir et ensuite la liberté totale de la direction" du PKK, a-t-elle précisé: "Par liberté nous entendons qu'il soit libre d'agir, de diriger son mouvement et de s'intégrer au peuple".
Cette notion de "droit à l'espoir" avait été avancée l'an dernier par le principal allié du gouvernement turc à l'initiative du processus de paix.
"Nous pouvons garantir la sécurité de notre direction", a-t-elle poursuivi, en suggérant dans un premier temps "une assignation à résidence" de M. Öcalan pour garantir sa sécurité.
Une délégation de la commission parlementaire chargée du processus de paix a rendu visite le 24 novembre pour la première fois à Abdullah Öcalan.
Le gouvernement turc est engagé depuis l'automne 2024 dans un processus de paix avec le PKK, après quatre décennies d'une guérilla qui a coûté la vie à 50.000 personnes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.