Jeudi 24 mai 2012 à 12h49
DIYARBAKIR, 24 mai 2012 (AFP) — Un tribunal turc a condamné jeudi à dix ans de prison la députée et l'une des figures de proue du militantisme kurde Leyla Zana pour appartenance au mouvement rebelle kurde et pour avoir diffusé sa propagande, a constaté un correspondant de l'AFP.
Le tribunal de Diyarbakir, principale ville du sud-est anatolien, en majorité peuplé de Kurdes, a estimé que Leyla Zana, qui n'a pas assisté à l'audience, avait violé neuf fois le code pénal et la loi anti-terrorisme en exprimant dans des discours son soutien au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit) et à son chef emprisonné Abdullah Öcalan.
Mme Zana, 51 ans, qui a déjà passé une décennie en prison (1994-2004) avec trois autres ex-députés kurdes pour collusion avec le PKK, avait une première fois été condamnée à une même peine en 2008, mais la Cour de cassation avait par la suite cassé le verdict pour vice de procédure.
La Cour a insisté sur son premier verdict jeudi. Les avocats de la députée doivent de nouveau faire appel.
Le PKK, classé organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, s'est d'abord battu depuis 1984 pour l'indépendance du sud-est anatolien, avant de réviser sa revendication en une autonomie de cette région. Le conflit a fait 45.000 morts selon l'armée.
Le Parlement européen a attribué en 1995 le Prix Sakharov des droits de l'Homme à Leyla Zana.
Figure emblématique de la cause kurde, Leyla Zana avait demandé en décembre l'organisation d'un référendum en Turquie sur l'avenir du peuple kurde dans un entretien à un site internet kurde.
La Turquie, opposée à toute visée indépendantiste ou autonomiste des Kurdes, a néanmoins mis en oeuvre ces dix dernières années des réformes démocratiques en faveur de cette communauté, dont la population est estimée à 12 millions sur 73 millions d'habitants.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.