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Turquie: la Commission électorale propose des élections anticipées en novembre


Jeudi 20 août 2015 à 13h44

Ankara, 20 août 2015 (AFP) — La Turquie, qui s'enfonce dans une crise sécuritaire et économique, doit organiser un scrutin législatif à l'automne afin de se doter enfin d'un gouvernement et de sortir de l'impasse politique actuelle.

Sans attendre la date-butoir du 23 août pour la formation d'un gouvernement de coalition, la commission électorale turque a proposé la date du 1er novembre pour la tenue des élections législatives anticipées, a annoncé jeudi l'agence officielle Anatolie.

Pour être validée, cette date doit encore être soumise aux partis politiques turcs, avant que le dernier mot ne revienne au Conseil constitutionnel, qui fixera le calendrier.

Le Premier ministre Ahmet Davutoglu avait informé mardi le président Recep Tayyip Erdogan de l'échec des négociations entre le Parti de la Justice et du développement (AKP) avec les partis d'opposition, sociaux-démocrates (CHP) et nationalistes (MHP), pour former un gouvernement de coalition.

Lors des élections du 7 juin, l'AKP, islamo-conservateur, qui règne sans partage depuis 2002, a perdu sa majorité et s'est trouvé contraint de se chercher un partenaire pour gouverner. Mais les négociations avec l'opposition ont échoué.

Selon la Constitution, M. Erdogan devrait demander au chef de la principale force d'opposition social-démocrate, Kemal Kiliçdaroglu, de former un gouvernement. Mais le chef de l'Etat a fait entendre qu'il ne le ferait pas.

Dans l'attente d'un scrutin, le président turc envisage la formation d'un gouvernement de transition, composé des représentants de chacun des partis qui siègent au Parlement. Une hypothèse que le CHP et le MHP ont tous deux balayée.

- Un mois de violence -

A cette crise politique, s'ajoute une crise sécuritaire.

Le pays vit au rythme de violences quotidiennes depuis l'attentat suicide de Suruç (sud) survenu le 20 juillet, où 33 jeunes pro-kurdes sont morts, et qui a été attribué au groupe Etat islamique (EI).

Ankara a ainsi lancé une "guerre contre le terrorisme" visant les jihadistes de l'EI et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Dans les faits, les bombardements de l'aviation turque ciblent essentiellement les positions des rebelles kurdes, qui ripostent.

Après la mort la veille de huit soldats turcs dans le sud-est du pays, l'armée turque a de nouveaux bombardé le PKK dans la nuit de mercredi à jeudi.

En parallèle des frappes militaires, la police turque mène des coups de filets dans les milieux réputés proches de l'EI, du PKK ou de la mouvance de l'extrême gauche (DHKP-C).

La police antiterroriste a ainsi arrêté jeudi à Istanbul et Mersin (sud du pays) plus de 40 membres présumés du DHKP-C, qui ont revendiqué l'attaque survenue mercredi à Istanbul devant le palais de Dolmabahçe, où siègent les bureaux du Premier ministre.

- Appel au calme -

Dans ce contexte agité, les investisseurs restent inquiets et se montrent prudents. Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a lancé un appel au calme évoquant une "réaction réflexe" après une nouvelle dégringolade jeudi de la monnaie turque face au dollar et à l'euro.

"Ce n'est pas le signe d'une crise structurelle durable. Il ne faut pas s'inquiéter", a-t-il estimé, cité par le journal Hürriyet.

La livre turque a inscrit un nouveau plus bas historique face au billet vert et à la monnaie européenne, s'échange brièvement à 3,0031 TL pour un dollar jeudi, selon les données fournies par l'agence Bloomberg, avant de retrouver quelques couleurs.

La livre turque a baissé de 10,6% en un mois face au dollar, et de 27,8% depuis le début de l'année. L'euro s'est aussi fortement apprécié contre la livre et s'échangeait à 3,32 TL.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.