Lundi 14 decembre 2009 à 17h33
DIYARBAKIR (Turquie), 14 déc 2009 (AFP) — La police turque a dispersé par la force quelque 10.000 manifestants qui dénonçaient à Diyarbakir (sud-est) la dissolution par la justice du principal parti pro-kurde de Turquie, procédant à de nombreuses interpellations, selon un correspondant de l'AFP.
Les incidents ont débuté après des discours à la foule de députés du Parti pour une société démocratique (DTP), dissous vendredi par la Cour constitutionnelle pour collusion avec les rebelles kurdes du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les manifestants ont lancé des pierres contre la police anti-émeutes qui a riposté avec des canons à eau et des grenades lacrymogènes.
Les dirigeants du parti interdit sont arrivés lundi dans cette ville, fief du DTP et majoritairement kurde, pour des réunions visant à définir leur stratégie. Ce parti a cessé officiellement d'exister lundi après la parution au Journal officiel de la décision de la Cour.
Des affrontements ont eu lieu également à Dogubeyazit (est), où des manifestants ont lancé des engins incendiaires et des pierres sur les policiers, dont cinq ont été blessés légèrement, selon l'agence de presse Anatolie.
A Adana (sud), où vit une importante communauté kurde, la police a lancé des grenades lacrymogènes face à des manifestants lançant des pierres et des engins incendiaires, selon Anatolie.
La journée de dimanche a été, pour le troisième jour consécutif, émaillée d'incidents entre manifestants kurdes et la police, à Istanbul notamment.
Une soixantaine de jeunes Kurdes ont lancé dimanche soir des bouteilles incendiaires sur des boutiques et des voitures dans le quartier populaire de Gaziosmanpasa (rive européenne) et se sont heurtés à la police anti-émeutes, selon Anatolie.
Des manifestations similaires se sont produites dans d'autres quartiers de la ville.
Plus tôt dans la journée, des manifestants kurdes s'étaient déjà heurtés dans le centre d'Istanbul à un groupe de nationalistes turcs et à des habitants du quartier, dont certains étaient armés de pistolets.
La dissolution du DTP devrait compliquer la tâche du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, qui vient de proposer une "ouverture démocratique" à la communauté kurde, pour tenter de saper le soutien au PKK et faire cesser un conflit qui a fait 45.000 morts en un quart de siècle.
A Bruxelles, la Commission européenne a exprimé lundi sa crainte que la décision de la justice porte atteinte au pluralisme.
"La décision de la Cour constitutionnelle pourrait priver une partie importante d'électeurs turcs d'une représentation électorale, condition nécessaire pour un résultat couronné de succès de l'ouverture démocratique", a affirmé un porte-parole de la Commission.
"La Commission regrette que le DTP ait refusé de façon continue à s'écarter de façon claire du PKK et de condamner le terrorisme", a-t-il ajouté.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.