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Turquie: interdiction d'un rassemblement pour une députée en grève de la faim


Vendredi 15 février 2019 à 14h28

Diyarbakir (Turquie), 15 fév 2019 (AFP) — La police turque a interdit vendredi un rassemblement de soutien à une députée kurde en grève de la faim depuis 100 jours en solidarité avec le chef historique emprisonné de la rébellion kurde Abdullah Öcalan, selon un correspondant de l'AFP.

Le rassemblement pour soutenir la députée gréviste de la faim Leyla Güven devait coïncider avec le 20ème anniversaire de la capture d'Abdullah Ocalan par les services turcs au Kenya.

Mme Güven avait entamé sa grève de la faim le 8 novembre pour dénoncer les conditions de détention de M. Ocalan.

La police de Diyarbakir a empêché des petits groupes de partisans de Mme Güven de se rapprocher de sa maison pour tenir le rassemblement prévu, a constaté le correspondant de l'AFP.

Le rassemblement devait avoir lieu à l'appel de la formation politique de Mme Güven, le Parti démocratique des peuples (HDP), dont seul un groupe de députés a été autorisé à s'approcher des barrières dressées par la police.

Selon le HDP, plus de 200 prisonniers sont actuellement en grève de la faim en solidarité avec Mme Güven.

"Notre plus grand défi aujourd'hui est de tout mettre en oeuvre pour soutenir ces grèves de la faim afin de briser l'isolement", auquel est soumis M. Ocalan, a déclaré la députée Dirayet Tasdemir.

Mme Güven, 55 ans, avait entamé sa grève de la faim alors qu'elle était en prison, après avoir été arrêtée en janvier 2018 pour avoir critiqué l'offensive militaire turque alors en cours dans l'enclave en majorité kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie.

Elle a été remise en liberté conditionnelle le 25 janvier, mais a décidé de poursuivre sa grève de la faim dans sa maison à Diyarbakir.

Au terme d'une longue cavale, M. Öcalan, chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a été localisé au Kenya et capturé par les services secrets turcs le 15 février 1999 devant l'ambassade de Grèce à Nairobi, avant d'être ramené en Turquie et emprisonné dans l'île-prison d'Imrali, non loin d'Istanbul, où il purge une peine de prion à vie.

Malgré un isolement quasi-total, M. Öcalan reste une figure de proue non seulement pour la rébellion kurde en Turquie, où le conflit avec l'Etat a fait plus de 40.000 morts depuis 1984, mais aussi pour les mouvements kurdes ailleurs dans la région, notamment en Syrie.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d'être la vitrine politique du PKK, considéré comme "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.