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Turquie: incarcéré, le candidat kurde tient un "meeting téléphonique"


Mercredi 6 juin 2018 à 12h25

Istanbul, 6 juin 2018 (AFP) — Un discours de campagne enregistré lors d'une conversation téléphonique avec sa femme depuis la prison : écroué depuis 2016, le candidat prokurde à la présidentielle en Turquie a tenu mercredi un "meeting" inédit sur les réseaux sociaux.

Selahattin Demirtas, chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP), a été arrêté en novembre 2016 pour activités "terroristes", accusation qu'il rejette fermement, dénonçant une affaire politique.

L'allocution de M. Demirtas a été prononcée depuis la prison où il est enfermé à Edirne (nord-ouest) lors d'une conversation téléphonique avec son épouse, Basak Demirtas, dans le cadre de l'appel hebdomadaire auquel il a le droit.

Enregistré dans le salon de leur domicile familial à Diyarbakir (sud-est), le discours, audible à travers le haut-parleur du téléphone de Mme Demirtas, a ensuite été posté sur les comptes du HDP sur les réseaux sociaux.

Dans cette allocution d'environ cinq minutes, M. Demirtas dénonce d'une voix grésillante l'"injustice" qui, dit-il, s'est renforcée en Turquie sous la férule du président Recep Tayyip Erdogan dont il a un temps été le plus féroce opposant.

"La Turquie a hélas été transformée en une prison semi-ouverte. Ils cherchent à créer une société de la peur, à régner par la peur", déclare M. Demirtas, qui commence son allocution en se qualifiant d'"otage politique".

Mais en dépit de sa situation, le dirigeant prokurde exhorte ses troupes à être optimistes : "Demirtas, ce n'est pas l'homme qui est dans une cellule à Edirne. C'est vous. Ayez confiance en vous", déclare-t-il.

M. Demirtas trouve aussi le moyen de plaisanter. En réponse à son épouse qui demande de ses nouvelles, il répond : "Je me sens chanceux, car je suis le seul candidat qui peut faire campagne auprès de sa femme au téléphone".

L'incarcération de M. Demirtas a compliqué sa campagne, ignorée en outre par les médias traditionnels de plus en plus contrôlés par le gouvernement en Turquie.

Depuis sa cellule dans la prison d'Edirne, M. Demirtas tweete quasi-quotidiennement par l'intermédiaire de ses avocats, alternant messages politiques, commentaires sur l'actualité et traits d'humour.

Vendredi, M. Demirtas doit répondre via les réseaux sociaux aux questions qui auront été préalablement posées par des internautes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.