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Turquie: hommage aux morts d'Izmir, l'assaillant d'Istanbul toujours recherché


Vendredi 6 janvier 2017 à 15h38

Istanbul, 6 jan 2017 (AFP) — La Turquie a rendu hommage vendredi à un policier tué en affrontant des assaillants qui voulaient, selon les autorités, commettre un carnage à Izmir (ouest), quelques jours après la tuerie du Nouvel An à Istanbul dont l'auteur est toujours en fuite.

Ces deux attaques, qui ont fait 41 morts, marquent un début d'année 2017 sanglant pour la Turquie, traumatisée en 2016 par un putsch manqué et une vague sans précédent d'attentats.

Jeudi, à Izmir, troisième ville du pays, un commando lourdement armé a fait exploser une voiture piégée devant le palais de justice de la ville, mais a été empêché de pénétrer à l'intérieur du bâtiment par un agent de la circulation, selon les autorités.

Fethi Sekin, un policier de 44 ans, a arrêté la voiture piégée avant de prendre en chasse ses occupants. Dans la fusillade qui a éclaté, le policier a tué un assaillant, avant d'être lui-même abattu alors qu'il était à court de munitions.

Le président Recep Tayyip Erdogan a salué vendredi un "héros" qui "s'est jeté comme un lion sur un terroriste hier, l'a neutralisé et a couru au martyre".

En plus du policier, un huissier a été tué et neuf personnes blessées. Deux assaillants ont été tués et les autorités ont retrouvé auprès d'eux deux Kalachnikov, des lance-roquettes et huit grenades.

"Les armes, les bombes et les munitions saisies montrent que les terroristes étaient venus là pour y commettre un grand massacre", a déclaré M. Erdogan.

Des milliers de personnes ont rendu hommage vendredi aux deux morts, dont les cercueils recouverts du drapeau turc ont été exposés dans l'atrium du palais de justice où des milliers de magistrats, policiers ainsi que des élus ont chanté l'hymne national.

Et le maire d'Izmir a indiqué qu'un parc situé à proximité du lieu de l'attaque serait renommé après le policier tué, et qu'une statue en son honneur y serait érigée.

- 'Lâchés sur la Turquie' -

Le ministre de la Justice Bekir Bozdag a annoncé que 18 personnes avaient été placées en garde à vue, et accusé les séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) d'être derrière l'attaque.

Celle-ci s'est produite quatre jours à peine après un spectaculaire attentat revendiqué par l'organisation Etat Islamique contre une célèbre boîte de nuit d'Istanbul, le Reina, où 39 personnes ont été tuées et des dizaines blessées par un homme armé d'un fusil d'assaut qui a pris la fuite.

"Les meutes d'assassins aux yeux injectés de sang continuent de mener de concert leurs attaques", a déclaré M. Erdogan vendredi, affirmant que "certains entretiennent ces organisations terroristes, les arment, les renforcent, les dirigent et les lâchent sur la Turquie".

Les autorités turques continuaient vendredi de traquer l'assaillant présumé d'Istanbul. Les autorités estiment que l'homme, dont plusieurs images ont été diffusées, est probablement d'origine ouïghoure.

Les enquêteurs pensent qu'il se trouve toujours à Istanbul où il pourrait bénéficier du soutien d'une cellule de l'EI, a rapporté vendredi le quotidien Hürriyet.

Après l'attentat, l'assaillant a passé la nuit dans un café à Zeytinburnu, sur la rive européenne de la métropole turque, avant de quitter les lieux au matin avec deux personnes, selon Hürriyet.

Une quarantaine de personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête, notamment l'épouse de l'assaillant présumé et de nombreuses personnes originaires d'Asie centrale, selon les médias.

- 'Vie normale' -

Malgré ces attaques qui ont sonné le pays, le Premier ministre Binali Yildirim a exhorté ses concitoyens à ne "pas modifier le cours normal de leur vie". "S'ils le font, ils rendront service aux ambitions de ces organisations terroristes", a-t-il dit jeudi soir.

L'attentat d'Istanbul a eu lieu alors que l'armée turque tente, au prix de lourdes pertes, de reprendre la ville d'Al-Bab, un bastion de l'EI dans le nord de la Syrie, où Ankara mène une offensive contre les jihadistes, mais aussi contre les milices kurdes.

En revendiquant le carnage du Reina, l'EI a reproché à la Turquie son intervention en Syrie et sa participation à la coalition menée par les Etats-Unis qui combat le groupe jihadiste en Syrie et en Irak.

L'état-major turc a affirmé vendredi que l'armée turc avait tué "32 terroristes" de l'EI dans la journée de jeudi, un bilan invérifiable de manière indépendante.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.