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Turquie: funérailles de 13 villageois tués par une explosion attribuée au PKK


Mardi 17 mai 2016 à 17h20

Diyarbakir (Turquie), 17 mai 2016 (AFP) — Les restes de 13 villageois tués par l'explosion prématurée d'un camion chargé d'explosifs attribuée aux rebelles kurdes dans le sud-est de la Turquie ont été mis en terre mardi, a constaté un photographe de l'AFP.

La déflagration s'est produite jeudi soir près de Diyarbakir après que des villageois eurent tenté de stopper un camion-benne volé par des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et chargé de 15 tonnes d'explosifs, selon l'agence de presse Dogan.

L'explosion, survenue dans le hameau de Dürümlü, a creusé un cratère profond de quatre à cinq mètres et éparpillé des restes humains dans un rayon de plusieurs centaines de mètres, selon Dogan, compliquant l'identification des victimes.

Le ministère de l'Intérieur avait dans un premier temps évoqué la mort de quatre "artificiers" du PKK, avant d'être contredit par le gouvernorat de Diyarbakir affirmant qu'il s'agissait de villageois.

Le bilan s'est brusquement alourdi à 16 tués lundi après l'identification des restes de 12 autres villageois portés disparus. L'une des quatre victimes du bilan initial, formellement identifiée en même temps que les 12 personnes portées disparues, a été enterrée mardi avec elles.

Signe de l'émotion suscitée en Turquie, le ministre de l'Intérieur, Efkan Ala, et son collègue du Développement, Cevdet Yilmaz, ont assisté aux funérailles. Les 13 cercueils ont été ensevelis côte à côte, a constaté le photographe de l'AFP.

S'exprimant mardi à ce sujet pour la première fois, le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé que les "terroristes" voulaient transporter les explosifs dans le centre-ville de Diyarbakir et projetaient d'"assassiner des centaines d'innocents".

Selon M. Erdogan, des villageois, interpellés par la présence du camion-benne, ont suivi le véhicule. L'équipage du camion, ne pouvant semer les poursuivants en supériorité numérique, aurait alors rejoint une voiture conduite par un éclaireur du PKK, faisant exploser la cargaison après s'être éloigné.

Le président turc a dénoncé l'"attitude ambivalente" de l'Occident qui n'"a pas donné de voix" après cet incident. "Quand cela se passe à Paris, ils le font, quand cela se passe à Bruxelles, ils le font", a-t-il dit.

Le PKK a affirmé pour sa part que le camion avait été pris en chasse par des villageois qui ont ouvert le feu pour empêcher sa progression, ce qui aurait déclenché l'explosion du chargement. Le groupe a présenté ses condoléances aux familles des civils décédés, tout en se dédouanant de toute responsabilité dans leur mort.

Le sud-est de la Turquie vit au rythme des combats quotidiens entre forces de sécurité turques et rebelles kurdes depuis la reprise des hostilités l'été dernier qui a sonné le glas des pourparlers de paix entre Ankara et le PKK. Ce conflit a déjà fait 40.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.