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Turquie: Erdogan appelle à soutenir ses réformes en faveur des Kurdes


Jeudi 27 août 2009 à 18h36

ANKARA, 27 août 2009 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a appelé jeudi dans une allocution télévisée chargée d'émotion ses compatriotes à soutenir les réformes que propose son gouvernement islamo-conservateur pour mettre fin à l'insurrection séparatiste kurde dans le sud-est de la Turquie.

Le conflit kurde "ne peut pas être réglé seulement par des moyens militaires", a dit M. Erdogan dans son intervention télévisée mensuelle.

"C'est un problème social, économique et culturel (...). Par-dessus tout, c'est une question de démocratie", a-t-il ajouté.

Après 25 ans d'un conflit avec les Kurdes qui a fait environ 25.000 morts, la Turquie doit "mettre en question la mentalité" qui a conduit à "suspendre les droits de ses citoyens et briser des coeurs" et "ces styles de gouvernement qui ont nui à la foi en la justice et qui ont cherché à faire accepter l'autorité (de l'Etat) (...) par la peur", a poursuivi M. Erdogan.

"Nous espérons qu'aujourd'hui, tandis que sera repensé le problème, nous parviendrons par le bon sens à mettre fin aux souffrances de notre peuple (...) et nous en appelons à tous à faire ce qu'ils peuvent ensemble", a encore dit le Premier ministre.

Pour M. Erdogan, "à mesure que les ouvertures démocratiques porteront leurs fruits (...) la possibilité de maintenir la terreur comme moyen (de lutte) disparaîtra".

"Ceux qui voient dans ce projet de réconciliation une tentative de trahison font beaucoup de mal à la Turquie", a souligné le Premier ministre. "Nous ne prendrons jamais la moindre mesure susceptible de porter atteinte aux intérêts de la Turquie", a-t-il martelé.

Parmi ses initiatives destinées à la réconciliation récemment annoncées par la presse ou des responsables politiques, le gouvernement prône notamment de rebaptiser des milliers de villages kurdes ayant aujourd'hui des noms turcs, d'instaurer l'éducation de la langue kurde dans les écoles publiques et de supprimer les références à l'appartenance "turque" dans la définition de la nationalité.

L'armée turque a, de son côté, rappelé mardi par la voix de son chef, le général Ilker Basbug, que les mesures envisagées en faveur des Kurdes ne devaient pas mettre en cause l'unité du pays, excluant tout dialogue avec les rebelles kurdes.

"Les forces armées turques ne peuvent en aucun cas accepter que la structure unitaire de l'Etat soit détériorée", a averti le chef d'état-major.

Quant au parti Action nationaliste (MHP, opposition), il est très critique et a accusé le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, de vouloir "diviser" la Turquie avec ce projet "réclamé par les Américains".

Les Etats-Unis, quittant l'Irak, ne veulent plus des rebelles du PKK réfugiés dans les montagnes du nord de ce pays, d'où ils s'infiltrent en Turquie voisine, et pressent Ankara d'en finir avec eux, affirme le MHP.

La rébellion des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), désormais classé parmi les organisations terroristes par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, a débuté en août 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.