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Turquie: enquête contre l'Union des médecins pour avoir critiqué l'offensive en Syrie


Lundi 29 janvier 2018 à 17h17

Ankara, 29 jan 2018 (AFP) — Le parquet d'Ankara a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête contre l'Union des médecins de Turquie (TTB) à la suite de critiques contre l'offensive dans l'enclave syrienne kurde qui ont suscité l'ire du président Recep Tayyip Erdogan.

La Turquie mène depuis le 20 janvier, dans la région d'Afrine (nord-ouest de la Syrie), une offensive contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), qualifiée de "terroriste" par Ankara mais alliée de Washington dans la lutte contre les jihadistes.

Le bureau du procureur d'Ankara a confirmé à l'AFP l'ouverture d'une enquête, à la suite d'une plainte déposée par le ministère de l'Intérieur contre la TTB pour avoir publié mercredi un communiqué critiquant implicitement l'offensive affirmant qu'elle posait "un problème de santé publique".

M. Erdogan a violemment critiqué ce texte, le qualifiant de "déshonorant".

Selon le quotidien Hurriyet, l'enquête vise onze membres du comité central de la TTB, son instance dirigeante.

Ils sont soupçonnés de "légitimer les actions d'une organisation terroriste", de "faire l'éloge de crimes et de criminels", et d'"incitation à la haine", a indiqué l'agence étatique de presse Anadolu.

La TTB a indiqué vendredi avoir reçu des menaces à la suite des critiques formulées par M. Erdogan.

Outre le communiqué de la TTB, un groupe de 170 personnes, composé d'anciens ministres, d'acteurs et d'écrivains a signé une lettre appelant à la fin de la guerre qui a été envoyée la semaines dernière aux députés, y compris ceux de l'AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir.

Là aussi, M. Erdogan s'en est pris aux signataires de cette lettre, les qualifiant de "traîtres".

Depuis le début de l'offensive, les autorités turques s'efforcent de museler toute critique la visant. Ainsi plus de 300 personnes ont été arrêtées sous l'accusation d'avoir fait de la "propagande terroriste" sur les réseaux sociaux contre l'opération à Afrine.

Des ONG ont fait part de leur préoccupation au sujet de la liberté d'expression, Human Rights Watch dénonçant la semaine dernière une "intolérance pour la critique" des autorités turques.

Les YPG sont étroitement liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux qui est engagé dans une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.

raz/ezz/cn

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.