Jeudi 17 juillet 2025 à 01h05
Istanbul, 16 juil 2025 (AFP) — Le parquet général d'Istanbul a annoncé mercredi soir l'ouverture d'une nouvelle enquête à l'encontre du chef de l'opposition turque Özgür Özel, dans le viseur du gouvernement pour son soutien au maire emprisonné de la mégapole, Ekrem Imamoglu.
Depuis l'arrestation en mars de M. Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, Özgur Özel, président du parti CHP (social démocrate) organise la contestation, en particulier des vagues de manifestations inédites depuis douze ans qui ont secoué le pays.
"Une enquête a été ouverte contre le président du CHP, Özgür Özel, pour avoir publiquement insulté et menacé un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions", a annoncé le parquet en fin de soirée, précisant que les propos incriminés visaient le procureur affecté au bureau d'enquêtes sur le crime organisé.
Le chef de l'opposition a tenu une conférence de presse mercredi après le procès de M. Imamoglu, dans l'enceinte même de la prison de Silivri à Istanbul, où est détenu l'édile.
Ekrem Imamoglu, arrêté pour "corruption" en mars, venait d'être condamné à vingt mois de prison pour insulte et intimidation envers le procureur d'Istanbul.
Devant les journalistes, M. Özel a fait une allusion marquée aux disparitions et meurtres d'opposants non résolus des années 1990 dans les régions du sud et du sud-est de la Turquie, majoritairement kurdes.
Il a nommément cité le nom du procureur chargé des enquêtes sur le crime organisé, Cahit Cihad Sari.
Özgür Özel était déjà visé par une série de plaintes en cascade qui s'accumulent depuis des mois, notamment pour insulte au président, insulte au procureur d'Istanbul, ou encore "fraude" lors de son élection à la tête du parti CHP, dont le gouvernement conteste la validité et qui lui ont valu de comparaitre déjà une fois.
Des médias locaux se sont aussi faits l'écho d'efforts visant à priver Özgur Özel de son immunité parlementaire.
Des centaines d'arrestations ont visé les rangs de l'opposition depuis les dernières municipales remportées largement par le CHP, en mars 2024. Depuis le début du mois, plusieurs maires d'opposition CHP ont été interpellés, placés en détention et parfois destitués.
Simultanément, le président Erdogan s'est engagé dans un processus de paix avec la guérilla kurde du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, dont une trentaine de combattants ont symboliquement brulé leurs armes vendredi, dans le nord de l'Irak où ils sont repliés.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.