Mardi 15 decembre 2009 à 14h21
DIYARBAKIR (Turquie), 15 déc 2009 (AFP) — Deux personnes ont été tuées et plusieurs blessées mardi dans le sud-est de la Turquie lorsqu'un commerçant a ouvert le feu sur des manifestants qui dénonçaient la dissolution du principal parti pro-kurde du pays, a indiqué un élu local.
L'homme, armé d'un fusil d'assaut, a ouvert le feu sur une foule qui protestait dans la ville de Bulanik (province de Mus), contre l'interdiction prononcée vendredi par la Cour constitutionnelle du parti pro-kurde DTP, a indiqué le maire local, Ziya Akkaya, sur la chaîne d'information NTV.
Deux personnes ont été tuées et sept ou huit blessées, a ajouté le maire.
Selon l'agence Anatolie, les manifestants ont saccagé des magasins et des banques.
Le responsable présumé de la tuerie a été arrêté. Les vitres de son commerce ont été brisés et son véhicule a été incendié par les manifestants, précise Anatolie.
Le DTP (Parti pour une société démocratique) a été interdit pour collusion avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation considérée comme terroriste par Ankara et par de nombreux pays et qui lutte depuis 25 ans contre les forces d'Ankara.
NTV a diffusé des images où l'on voit notamment plusieurs dizaines de manifestants lancer des pierres contre la police anti-émeutes qui riposte avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau.
Les manifestants s'en sont pris aux boutiques qui ne fermaient pas -- mesure traditionnellement utilisée pour appuyer la cause kurde dans le sud-est de la Turquie, peuplé majoritairement de Kurdes, a indiqué NTV.
Necmettin Dede, le maire de la ville de Mus, dont dépend administrativement Bulanik, a exclu de son côté sur NTV une attaque à caractère ethnique, c'est-à-dire entre Kurdes et Turcs.
Lundi, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait appelé à l'unité nationale.
Les affrontements entre Kurdes et forces de l'ordre se poursuivent depuis plusieurs semaines dans plusieurs villes de Turquie pour dénoncer d'une part les conditions carcérales du chef-fondateur du PKK, Abdullah Öcalan, emprisonné à vie, et d'autre part la dissolution du DTP et le bannissement de la vie politique de plusieurs de ses dirigeants.
Des dizaines d'arrestations ont eu lieu.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.