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Turquie: deux semaines de violences


Lundi 3 août 2015 à 16h01

Istanbul, 3 août 2015 (AFP) — Rappel des événements depuis l'attentat le 20 juillet à Suruç, dans le sud de la Turquie, qui a fait 32 morts parmi de jeunes militants de la cause kurde et déclenché un cycle de représailles entre la guérilla kurde et l'armée turque.

L'attentat a été attribué au groupe Etat islamique (EI), mais la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a aussitôt répliqué contre les forces de l'ordre turques, accusées de ne pas protéger la population locale.

Depuis, les frappes turques se sont largement concentrées sur des cibles du PKK, visées par dizaines, alors que seules trois d'entre elles ont été signalées contre des combattants de l'EI en Syrie.

--JUILLET 2015--

- 20: La Turquie est rattrapée par le conflit en Syrie qui se déroule depuis plus de quatre ans à ses portes, avec un attentat à Suruç, près de la frontière syrienne, qui fait 32 morts et une centaine de blessés. Le président Recep Tayyip Erdogan dénonce une "attaque terroriste", le pouvoir évoquant un attentat suicide qu'il attribue à l'EI.

Début de manifestations, réprimées par la police, pour dénoncer la politique syrienne de M. Erdogan, accusé de complicité avec les jihadistes.

- 22: Le PKK revendique le meurtre de deux policiers retrouvés morts à leur domicile de Ceylanpinar (sud-est), présentant son opération comme une "action punitive".

- 23: Des combattants jihadistes ouvrent le feu à partir de la Syrie sur un poste-frontière de l'armée dans la région de Kilis, tuant un sous-officier. Des chars turcs tirent aussitôt sur des positions tenues en Syrie par l'EI.

- 24: Des chasseurs F16 turcs procèdent à des frappes sur des positions jihadistes en Syrie.

Début d'une vague d'arrestations visant des rebelles du PKK, des membres présumés de l'EI et des militants d'extrême gauche. Quelque 1.300 personnes ont été depuis arrêtées.

Dans la soirée, premières frappes turques contre des positions militaires du PKK en Irak. "Les conditions du maintien du cessez-le-feu ont été rompues", affirme le lendemain la branche armée du PKK.

- 27: Les frappes aériennes turques peuvent "modifier l'équilibre" en Syrie et en Irak, estime le Premier ministre Ahmet Davutoglu.

Ankara et Washington sont d'accord pour éliminer l'EI du nord de la Syrie. "Le but est d'établir une zone débarrassée de l'EI et d'améliorer la sécurité et la stabilité le long de la frontière", déclare un responsable militaire américain.

- 28: M. Erdogan juge "impossible" de poursuivre le processus de paix avec les Kurdes tant que les rebelles du PKK continuent à procéder à des attaques meurtrières contre policiers et militaires.

L'Otan assure son allié turc de sa "forte solidarité" face au "terrorisme". Mais certains participants plaident en faveur d'"une réponse proportionnée" au PKK.

- 29: Ankara donne aux Américains le feu vert effectif à l'utilisation de la base aérienne d'Incirlik (sud) afin de mener des frappes en Syrie contre l'EI.

- 30-31: Ouverture d'enquêtes judiciaires contre le leader du parti prokurde HDP Selahattin Demirtas, puis de la coprésidente du parti.

--AOUT--

- 1er: Le président de la région autonome du Kurdistan irakien Massoud Barzani, qui entretient d'assez bonnes relations avec le pouvoir turc, demande au PKK de partir "pour que les civils ne deviennent pas des victimes de cette guerre".

L'agence gouvernementale Anatolie affirme que 260 combattants du PKK ont été tués dans les raids de l'aviation turque. Selon des sources kurdes, ces raids auraient aussi tué une dizaine de civils, accusations démenties par l'armée.

- 2: Une attaque suicide au tracteur piégé contre une gendarmerie fait au moins deux morts et 31 blessés (officiel). Elle est revendiquée par le PKK, qui fait état "de dizaines de soldats tués". Depuis le début des attaques du PKK, au moins 17 membres des forces de l'ordre ont été tués.

- 3: "La Turquie conduira des opérations militaires autant qu'elle le juge nécessaire", déclare M. Erdogan.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.