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Turquie: deux maires kurdes poursuivis pour usage administratif du kurde


Lundi 30 juillet 2007 à 12h14

DIYARBAKIR (Turquie), 30 juil 2007 (AFP) — Des procureurs de Diyarbakir (sud-est de la Turquie) ont lancé des poursuites contre deux maires et 17 conseillers municipaux kurdes qui avaient tenté d'introduire l'usage du kurde dans l'administration municipale, ont affirmé mardi des sources judiciaires.

Parmi les accusés, qui risquent de un à trois ans de prison, figure Osman Baydemir, le maire de Diyarbakir, la plus grand ville du sud-est anatolien à la population en majorité kurde.

L'autre élu poursuivi est Abdullah Demirbas, l'ex-maire de Sur, une mairie d'arrondissement du centre-ville multi-ethnique de Diyarbakir.

M. Demirbas a été démis de ses fonctions le mois dernier après avoir décidé avec son conseil municipal d'utiliser le kurde, mais aussi d'autres langues minoritaires comme l'arménien, l'arabe et l'araméen aux côtés du turc et de l'anglais au sein des services municipaux.

Selon la Constitution, la seule langue officielle en Turquie est le turc et aucune autre ne peut être utilisée au sein de l'administration.

L'acte d'accusation désigne MM. Baydemir et Demirbas ainsi que les 17 conseillers municipaux qui avaient voté en faveur du règlement municipal incriminé comme coupables d'"abus de pouvoir".

Le procès doit s'ouvrir le 7 novembre.

Le gouverneur de Diyarbakir, le plus haut représentant du l'Etat central dans la province, a demandé à un tribunal de faire retirer la disposition sur l'usage des langues minoritaires.

Au cours des dernière années, Ankara, sous la pression de l'Union européenne à laquelle la Turquie souhaite adhérer, a permis la diffusion de programmes en langues minoritaires sur les chaînes de télévision et de radio publiques ainsi que l'enseignement du kurde dans des établissements privés.

Les militants kurdes revendiquent l'enseignement du kurde dans les écoles publiques et le droit d'utiliser cette langue dans tous les aspects de la vie publique.

Ankara craint que le développement des droits culturels des Kurdes n'encourage le séparatisme, défendu par les armes par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans un conflit qui a fait plus de 37.000 morts depuis son déclenchement en 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.