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Turquie: deux explosions dans des permanences du parti prokurde, plusieurs blessés


Lundi 18 mai 2015 à 18h26

Ankara, 18 mai 2015 (AFP) — Le principal parti d'opposition prokurde de Turquie a été la cible lundi de deux nouvelles attaques non revendiquées qui ont fait plusieurs blessés dans le sud du pays, à trois semaines d'élections législatives où le résultat de ce mouvement s'annonce crucial.

Six personnes ont été blessées lors d'une première explosion qui a touché en début de matinée le quartier général régional du Parti démocratique du peuple (HDP) à Adana (sud), dont trois sérieusement, a rapporté à l'AFP un de ses responsables.

Une autre déflagration, presque simultanée, a secoué le QG de ce même parti dans la ville de Mersin (sud), apparemment causée par un bouquet de fleurs piégé livré dans les locaux, selon ce responsable.

L'origine des deux explosions n'a pas été établie mais le HDP en a rendu responsable le régime islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.

"Certains pouvoirs soutenus par le gouvernement tentent d'empêcher l'essor et la campagne de notre parti", a dénoncé le HDP dans un communiqué. Lors d'un meeting à Mersin, son principal dirigeant, Selahattin Demirtas, a déploré une "provocation" mais promis que son parti "ne pliera pas".

Comme plusieurs de ses ministres, le chef du gouvernement Ahmet Davutoglu a démenti ces accusations et condamné "fermement" les deux attaques qui ont visé l'opposition. "Nous rejetons la violence depuis le début", a-t-il déclaré lors d'une réunion publique devant plusieurs milliers de ses partisans à Karaman (centre).

- Attaques -

Depuis le coup d'envoi de la campagne électorale législative, le parti d'opposition prokurde a été la cible de 73 attaques depuis le 24 avril selon son propre décompte. Ce jour-là, son siège à Ankara avait été la cible de plusieurs coups de feu sans faire de victime.

Les résultats du HDP au scrutin du 7 juin feront l'objet de toutes les attentions et spéculations.

S'il franchit la barre des 10% des suffrages au niveau national, il devrait empêcher le parti du président Recep Tayyip Erdogan d'accéder à la majorité des deux tiers des 550 sièges de députés nécessaires pour faire passer la réforme constitutionnelle souhaitée pour renforcer ses pouvoirs de chef de l'Etat.

Les derniers sondages créditent le HDP d'un score oscillant autour des 10%.

"La perspective de voir le HDP franchir le seuil (des 10%) en effraie certains. Le gouvernement qui dirige ce pays doit être à l'origine de tout ça", a estimé un des candidats du parti à Mersin, Dengir Mir Mehmet Firat.

Le pouvoir à Ankara concentre ses critiques contre ce parti depuis plusieurs semaines et président Erdogan a mis en cause lundi les liens du HDP avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mènent la lutte armée depuis 1984 dans le sud-est de la Turquie.

"J'en appelle à toute la Turquie (...) est-ce que les 78 millions que vous êtes vont donner la bonne réponse à une organisation politique qui est guidée par un groupe terroriste ?", a-t-il lancé lors d'une réunion publique à Samsun (nord-est).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.