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Turquie: Des miraculés extraits des décombres deux jours après le séisme, 432 morts


Mardi 25 octobre 2011 à 19h42

ERCIS (Turquie), 25 oct 2011 (AFP) — Plusieurs personnes, dont un bébé d'une quinzaine de jours, ont été retirées vivantes des décombres deux jours après le fort séisme qui a frappé dimanche de plein fouet Van, province à majorité kurde de l'est de la Turquie, ont constaté des journalistes de l'AFP.

C'est d'abord la petite Azra Karaduman qui a a été sauvée mardi, redonnant espoir aux sauveteurs qui livraient une course contre la montre pour retrouver des survivants à Ercis, la ville la plus touchée.

Le petit bébé âgé d'une quinzaine de jours, enveloppé dans une couverture a été transporté à l'hôpital de campagne sous les ovations de la foule.

"Lorsque je l'ai attrapée, j'étais l'homme le plus heureux du monde", a raconté Kadir Direk, le sauveteur d'Azra.

Sa mère "m'a demandé de lui donner un deuxième prénom", a poursuivi Kadir Direk, qui a choisi Aysenur, une combinaison du nom de la femme du prophète Mahomet et du mot "lumière".

Deux heures plus tard, c'est la mère du bébé, Seniha (24 ans) puis sa grand-mère Gülzade (73 ans) qui ont été retirées vivantes des décombres dont elles étaient prisonnières depuis dimanche.

Les trois survivantes ont été transférées à Ankara, a rapporté l'agence de presse Anatolie.

Des secouristes, cités par Anatolie, ont affirmé que le père de famille se trouvait aussi sous les décombres mais qu'il n'a pour l'instant donné aucun signe de vie.

Par ailleurs, au même moment, une autre équipe de secouristes a retiré vivant d'un amas de béton dans cette même ville un homme d'une trentaine d'années.

Plus tard dans la soirée, dans la ville de Van, chef lieu de la province, un garçon de 10 ans a été retiré en vie des décombres de son immeuble, dont son père et son frère avaient été auparavant extraits.

Le bilan encore provisoire du séisme a grimpé à 432 morts et plus de 1.350 blessés. Le précédent bilan était de 370 tués.

Des centaines de secouristes travaillaient sans relâche après la tombée de la nuit pour retrouver d'éventuels survivants.

Quelques heures auparavant, un policier et sa femme avaient également été retrouvés vivants à Ercis.

"J'avais surtout soif. C'est une chance que je sois encore vivant (...) Il y avait des corps à droite, à gauche", a déclaré Abdullah Pinti qui a raconté son calvaire sur la chaîne CNN-Türk. L'homme, âgé de 22 ans, a survécu 32 heures dans les gravats de béton et de fer d'un café à Ercis.

Mais c'est surtout des corps qui sont extraits des débris après le tremblement de terre de magnitude 7,2, le plus fort de ces dernières années en Turquie.

"Des centaines, voire des milliers de personnes sont toujours prises au piège sous les décombres", a déclaré aux médias une porte-parole de la fédération internationale de la croix rouge (FICR) à Genève, Jessica Sallabank.

Les victimes sont essentiellement à Ercis et à Van, la capitale régionale.

Des familles en deuil ont commencé à enterrer des proches mardi, tandis que d'autres continuaient de veiller auprès d'amas de ruines dans l'espoir que les équipes de secours retrouveront des survivants.

Pour les sauveteurs, le bilan aurait été beaucoup plus lourd si le séisme n'avait pas frappé un dimanche en plein jour à une heure à laquelle beaucoup étaient sortis pour le déjeuner et où les enfants n'étaient pas à l'école.

Les rescapés s'apprêtaient à passer une troisième nuit dans l'angoisse des répliques alors qu'une nouvelle secousse tellurique d'une magnitude de 5,4 a été ressentie vers 15H00 GMT, provoquant de nouveau un mouvement de panique.

Et pour mercredi, la neige est annoncée.

L'Etat turc a déployé des moyens considérables, dépêchant sur les lieux des centaines de secouristes, 145 ambulances, six bataillons de l'armée et des hélicoptères-ambulances. Au total 25.000 tentes ont été envoyés, a affirmé le vice-Premier ministre Besir Atalay.

Dans un élan de solidarité, de nombreux Turcs se sont mobilisés pour venir en aide à leurs concitoyens kurdes, alors que l'armée poursuit une vaste offensive contre les rebelles kurdes qui ont tué la semaine dernière 24 soldats, attisant les divisions ethniques.

Mais des sinistrés kurdes s'estimant défavorisés dans la distribution de l'aide ont pris à partie la police et les journalistes à Van, avant d'être dispersés par la force.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.