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Turquie: des maires prokurdes destitués dénoncent une "décision politique"


Jeudi 29 août 2019 à 12h29

Istanbul, 29 août 2019 (AFP) — Trois maires prokurdes déchus de leur mandat en Turquie pour des accusations de "terrorisme" ont qualifié jeudi leur destitution de "putsch politique" et affirmé qu'ils allaient saisir la justice pour la contester.

Accusés d'activités "terroristes", les maires HDP (Parti démocratique des peuples) de Diyarbakir, Adnan Selçuk Mizrakli, de Mardin, Ahmet Türk, et de Van, Bedia Özgökçe Ertan, ont été démis de leurs fonctions le 19 août.

La destitution des maires de ces trois importantes villes du sud-est à majorité kurde de la Turquie, quelques mois après leur victoire aux élections municipales du 31 mars, avaient provoqué des manifestations réprimées par la police.

"Nous avons été privés de l'opportunité de servir le peuple par le putsch politique du 19 août", a déclaré M. Türk, maire déchu de Mardin et figure influente de la cause kurde.

"C'est une décision politique qui vise à empêcher la lutte pour la démocratie du peuple kurde, à intimider le peuple et à stopper nos efforts pour amener le changement en Turquie", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Istanbul.

Mme Ertan, qui s'exprimait elle aussi lors de cette conférence de presse, a indiqué que le HDP allait "épuiser toutes les voies légales" pour contester cette décision.

La semaine dernière, le président Recep Tayyip Erdogan a défendu la destitution des trois édiles, les accusant de s'être mis "au service de terroristes au lieu de servir la population".

Le ministère de l'Intérieur affirme avoir reçu des plaintes selon lesquelles les trois maires auraient soutenu financièrement le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié par Ankara de "terroriste".

M. Türk a qualifié d'"infondées" ces accusations.

Ankara a nommé des gouverneurs dans les trois villes pour prendre en charge les administrations municipales.

M. Erdogan accuse régulièrement le HDP d'être lié au PKK. Mais le parti affirme être visé en raison de son opposition virulente au gouvernement.

Des dizaines de responsables et élus du HDP ont été arrêtés dans le cadre des purges que mènent les autorités turques depuis une tentative de putsch en 2016.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.