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Turquie: des intellectuels arrêtés pour avoir signé une pétition pour la paix


Vendredi 15 janvier 2016 à 08h51

Istanbul, 15 jan 2016 (AFP) — La police turque a arrêté vendredi des intellectuels signataires d'une pétition réclamant la fin des opérations controversées de l'armée contre la rébellion kurde, qui a provoqué la fureur du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

Sur ordre du procureur, 21 universitaires ont été interpellés à l'aube à leur domicile et placés en garde à vue à Kocaeli (nord-ouest) dans le cadre d'une enquête ouverte pour "propagande terroriste" et "insulte aux institutions et à la République turque", a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anatolie.

Près de 1.200 personnes ont signé lundi une "initiative des universitaires pour la paix" réclamant la fin de l'intervention des forces de sécurité turques contre les partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est à majorité kurde du pays.

Dans ce texte intitulé "nous ne serons pas associés à ce crime", les signataires dénoncent "un massacre délibéré et planifié en totale violation des lois turques et des traités internationaux signés par la Turquie".

Cette pétition, également signée par des intellectuels étrangers comme le linguiste américain Noam Chomsky, a suscité l'ire du gouvernement turc.

M. Erdogan a dénoncé jeudi une "cinquième colonne". "Cette horde d'universitaires s'est clairement rangée dans le camp de l'organisation terroriste (le PKK, ndlr) et a craché sa haine sur le peuple turc", s'est-il emporté lors d'un discours à Ankara.

L'armée et la police turques ont investi il y a un mois les villes sous couvre-feu de Cizre et de Silopi (sud-est) pour en déloger des partisans du PKK. Les combats y ont provoqué la mort de nombreux civils et l'exode d'une partie de la population.

M. Erdogan a promis "d'éradiquer" le PKK, qui mène la rébellion depuis 1984.

Les détracteurs de l'homme fort du pays, au pouvoir depuis 2003, l'accusent régulièrement de dérive autoritaire.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.