Page Précédente

Turquie: début du procès de sept auteurs présumés d'exécutions de Kurdes


Vendredi 11 septembre 2009 à 20h01

DIYARBAKIR (Turquie), 11 sept 2009 (AFP) — Le procès de sept prévenus, dont un colonel de gendarmerie, accusés d'avoir participé à l'exécution sommaire de 20 personnes dans le sud-est de la Turquie alors que la rébellion kurde battait son plein, a débuté vendredi à Diyarbakir (sud-est).

Le procès est considéré comme une avancée majeure dans l'établissement de la vérité sur les allégations de violations massives des droits de l'Homme durant la lutte entre les forces de sécurité et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est anatolien, peuplé en majorité de Kurdes.

L'acte d'accusation affirme que le colonel Cemal Temizoz avait formé une sorte de milice chargée de poursuivre des personnes suspectées d'aider les rebelles lorsqu'il était en fonction à Cizre, dans la province de Sirnak, frontalière de l'Irak, de 1993 à 1996.

Les membres de ce gang auraient tué certains des suspects --20 selon le ministère public--, dont les corps auraient été sommairement enterrés dans des endroits isolés.

Le procureur a requis la réclusion à perpétuité sans réduction de peine pour les sept prévenus.

Lors de la première audience, placée sous la protection de dizaines de policiers patrouillant aux abords du tribunal, le colonel Temizöz a donné sa propre version des faits.

"Quand j'ai été muté à Cizre, la ville était aux mains du PKK. (...) J'ai essayé de trouvé une issue. J'ai renforcé l'armement. J'ai formé des gardiens de village (...) Le résultat de ce travail est que le PKK a reculé", a-t-il déclaré devant la cour.

"Les miliciens étaient armées jour et nuit. Les gens qu'ils tuaient étaient du PKK et ils les enterraient dans certains endroits. Maintenant, certains milieux proches du PKK montrent ces endroits pour qu'on y creuse", a-t-il ajouté. "Je suis désigné comme une cible par le PKK à cause de mon succès dans la lutte contre le terrorisme."

Les poursuites contre les sept prévenus ont été lancées après des fouilles ordonnées par la justice en mars et avril, qui ont conduit à la découverte d'os et de vêtements.

"Les morts sont le résultats d'exécutions au sein du PKK, de règlements de compte familiaux, de vendettas. Et ils sont présentés comme des exécutions sommaires", a également estimé le colonel.

La cour a refusé les demandes de libération des prévenus et fixé la prochaine audience au 18 septembre.

Devant le tribunal, une soixantaine de parents de disparus ont réclamé justice en brandissant des photos de leurs proches.

Le conflit entre le PKK et les forces de sécurité turques a fait au moins 45.000 morts, et des milliers de déplacés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.