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Turquie : début d'un procès attendu sur la mort d'un avocat kurde


Mercredi 21 octobre 2020 à 11h31

Diyarbakir (Turquie), 21 oct 2020 (AFP) — Un tribunal turc a commencé mercredi à juger quatre personnes, dont trois policiers, accusées d'être responsables de la mort par balle d'un célèbre avocat kurde il y a près de cinq ans.

Alors bâtonnier de l'ordre des avocats de Diyarbakir, la principale ville du sud-est en majorité peuplé de Kurdes de la Turquie, Tahir Elçi a été tué le 28 novembre 2015 d'une balle dans la tête au cours d'une fusillade entre la police et des hommes armés présentés par les autorités comme des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Après cinq ans d'attente, le procès s'est ouvert dans une ambiance électrique, en présence de nombreux avocats, de représentants d'ONG et d'élus de l'opposition, a constaté un correspondant de l'AFP.

Trois policiers sont accusés d'avoir "causé la mort par négligence" et risquent entre deux et six ans de prison.

Un quatrième homme, présenté comme un membre de PKK, est jugé par contumace pour l'"homicide de deux policiers" juste avant la fusillade ayant coûté la vie à Tahir Elçi et "atteinte à l'unité de la nation". Il risque la prison à vie.

La mort violente de Tahir Elçi, un ardent défenseur de la cause kurde, avait choqué un pays ensanglanté par la reprise des combats entre forces de sécurité et membres du PKK, un conflit qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Juste avant d'être tué, Tahir Elçi avait lancé un appel à la paix et à mettre un terme aux combats entre autorités turques et membres du PKK dans le sud-est.

La lenteur de l'enquête, ainsi que la disparition de certains éléments matériels et le remplacement à plusieurs reprise du procureur chargé des investigations, ont suscité la préoccupation des proches de Tahir Elçi.

"Il y a eu des obstacles majeurs" à l'enquête, a déploré mercredi l'ONG Human Rights Watch dans un communiqué.

Les ONG vont "surveiller la façon dont le procès est mené, pour savoir s'il vise à faire toute la lumière sur les circonstances du meurtre d'Elçi ou à tenter de disculper à tout prix les policiers", a ajouté Tom Porteous, un responsable de Human Rights Watch.

L'an dernier, le barreau de Diyarbakir a mis en cause des policiers dans la mort de Tahir Elçi, s'appuyant sur les conclusions d'un cabinet britannique d'analyse technique selon lequel la balle mortelle ne pouvait avoir été tirée que par un membre des forces de l'ordre.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.