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Turquie : brève suspension du couvre-feu dans un district de Diyarbakir, dévasté


Vendredi 11 decembre 2015 à 17h53

Diyarbakir (Turquie), 11 déc 2015 (AFP) — Les autorités turques ont brièvement levé vendredi, pour quelques heures, le couvre-feu imposé depuis neuf jours dans le district de Sur au sein de Diyarbakir (sud-est), dévasté par des combats entre forces de sécurité turques et rebelles kurdes.

Imposé quelques heures après l'assassinat le 2 décembre d'un célèbre avocat de la cause kurde, Tahir Elçi, ce couvre-feu a été levé jeudi soir, avant d'être rétabli vendredi à 16h00 locales (14h00 GMT), ont indiqué les autorités locales dans un communiqué.

Ruines fumantes, façades d'habitations calcinées, rues éventrées... Un journaliste de l'AFP qui s'est rendu sur place dans l'intervalle a constaté des scènes de dévastation, résultat des affrontements brutaux entre de jeunes partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et la police turque.

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, d'intenses combats ont repris l'été dernier entre les policiers et soldats turcs et le mouvement rebelle. Ils ont fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés fin 2012 pour tenter de mettre un terme à un conflit qui a déjà fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Des centaines d'habitants ont profité de la levée du couvre-feu pour fuir le district de Sur, théâtre de fréquents combats depuis l'été, a constaté l'AFP.

"Nous allons déménager chez des proches qui habitent dans un autre district. Quel gâchis!", a confié un habitant, Mehmet Cengiz, en chargeant sa famille et quelques meubles dans une camionnette.

Muharrem Dölek, un autre riverain, est parvenu à fuir au deuxième jour de couvre-feu. "J'ai dit aux policiers que j'étais à bout psychologiquement. Ils m'ont dit: +pars, mais tu ne pourras pas revenir+", a-t-il raconté.

Profitant de la levée du couvre-feu jeudi soir, M. Dölek est revenu pour récupérer des affaires. "Nous sommes une famille de neuf personnes, on a dû se répartir dans plusieurs maisons", a-t-il expliqué.

De nombreuses tranchées et barricades installées, selon les autorités locales, par les rebelles kurdes, étaient encore visibles vendredi.

Des blindés de l'armée sont entrés vendredi soir dans le district, a constaté l'AFP.

Ankara a réaffirmé vendredi sa fermeté dans la lutte contre le PKK. "Les tranchées seront rebouchées une à une et les responsables retrouvés et traînés devant la justice", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Numan Kurtulmus.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.