Mercredi 20 février 2013 à 09h33
ANKARA, 20 fév 2013 (AFP) — Un groupe de parlementaires kurdes de Turquie a été contraint d'annuler un déplacement dans le nord de la Turquie après avoir été violemment attaqués par des manifestants nationalistes, ont indiqué mercredi à l'AFP les organisateurs.
Le comité formé d'élus du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), la principale formation pro-kurde de Turquie, prévoyait de visiter cinq provinces situées au bord de la mer Noire pour expliquer à la population locale, réputée pour son nationalisme, le processus de paix en cours entre Ankara et la rébellion kurde mais le voyage a dû être écourté "en raison des circonstances", a expliqué une source du BDP.
"Après les incidents survenus à Sinop et Samsun, il a été décidé d'annuler le programme restant du déplacement", a précisé cette source sous couvert d'anonymat.
Les députés kurdes ont été pris à partie par une foule en colère de plusieurs centaines de personnes, constituées pour la plupart de jeunes, dans ces deux villes et n'ont pu se déplacer que grâce à une imposante escorte policière, parfois dans des véhicules blindés, sous des jets abondants de pierres, selon, les médias.
Aucun des députés n'a été blessé dans les incidents.
"Nous ne voulons pas du PKK dans notre ville", ont scandé les manifestants arborant des drapeaux turcs, pour signaler la sympathie du BDP pour la cause du Parti des travailleurs du Kurdistan, en lutte armée contre les forces turques depuis 1984.
Les autorités turques ont lancé en décembre un nouveau round de discussions avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, un processus de paix mené sur instruction du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan qui provoque l'ire des milieux nationalistes.
Mardi, M. Erdogan a dénoncé les attaques visant les élus kurdes, accusant l'opposition parlementaire d'avoir initié ces attaques.
"Vous n'êtes pas obligés de les aimer, mais vous êtes obligés de respecter leurs opinions", a-t-il dit au sujet des députés kurdes dont il était pourtant dans le passé l'un des plus fervents critiques.
Öcalan exerce une influence considérable sur les membres et les partisans du PKK. Le gouvernement turc croit que les pourparlers avec lui pourraient aboutir à un calendrier sur le retrait du PKK à partir de la Turquie et leur désarmement possible.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.