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Turquie : après huit mois de couvre-feu, les habitants d'une localité kurde la retrouvent en ruines


Lundi 14 novembre 2016 à 17h55

Sirnak (Turquie), 14 nov 2016 (AFP) — Des centaines de personnes ont commencé à rentrer lundi à Sirnak, ville du sud-est en majorité kurde de la Turquie transformée en champ de ruines par les violents combats entre l'armée turque et les rebelles du PKK, a constaté l'AFP.

Le gouvernorat de la province du même nom, frontalière de l'Irak et de la Syrie, a annoncé dans un communiqué la levée partielle, lundi, du couvre-feu imposé en mars dernier dans le cadre de la lutte contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Profitant de cette décision, de nombreuses familles qui avaient fui la ville y sont retournées, plusieurs d'entre elles découvrant un amoncellement de pierres là où se trouvait autrefois leur maison. Au milieu des gravats, une mosquée se dresse, sa facade criblée de balles.

"Ici, il y avait nos maisons. Ici, il y avait nos souvenirs", s'est lamenté un habitant en découvrant ce qu'il restait de sa vie passée.

"Maintenant, on nous laisse tout seul, que va-t-il nous arriver ?", se demandait une autre personne.

Le couvre-feu, qui est toujours en vigueur dans une partie de la ville, a été imposé le 14 mars dans le cadre des opérations de "nettoyage" lancées par les forces de sécurité turques contre le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), une organisation classée "terroriste" par Ankara, Washington et Bruxelles.

Après la rupture d'un cessez-le-feu l'été dernier, les membres du PKK ont proclamé l'"autonomie" dans plusieurs villes du sud-est de la Turquie.

En se déplaçant des traditionnelles zones rurales aux centres urbains, les combats ont provoqué l'exode de centaines de milliers de personnes.

A Sirnak, plusieurs écoles ont été détruites et l'électricité et l'eau étaient toujours coupées lundi. Des pelleteuses s'activaient pour déblayer les pierres.

Des femmes faisaient cuire du pain au milieu des gravats et des enfants jouaient dans les rues de terre battue, a constaté un photographe de l'AFP.

Selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu, plus de 7.000 combattants du PKK et plus de 600 membres des forces de sécurité ont été tués depuis la reprise des combats en juillet, un bilan invérifiable de manière indépendante.

Plus de 40.000 personnes ont été tuées depuis le déclenchement du conflit kurde en 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.