Jeudi 3 janvier 2008 à 18h47
DIYARBAKIR (Turquie), 3 jan 2008 (AFP) — Au moins quatre personnes ont été tuées et 68 blessées dans l'explosion d'une voiture piégée jeudi à Diyarbakir, la principale ville du sud-est de la Turquie, ont annoncé des responsables de cette région majoritairement peuplée de Kurdes.
La déflagration s'est produite au passage d'un véhicule militaire sur une route du centre ville, à une centaine de mètres d'une base de l'armée turque, selon la policce. Elle a été si puissante que les vitres de nombreux bâtiments aux alentours ont été brisées.
Le gouverneur de Diyarbakir, Huseyin Avni Mutlu, a précisé que les auteurs de l'attentat, pour le moment non identifiés, avaient fait exploser à distance une bombe placée dans une voiture. Quatre blessés sont grièvement touchés.
A Ankara, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a condamné un "acte terroriste". "Le terrorisme a ressorti son horrible visage. Mais ce type d'événements n'infléchira pas notre détermination à combattre le terrorisme à la fois dans le pays et à l'extérieur", a ajouté le chef du gouvernement.
La police locale a indiqué être à la recherche de deux personnes que des témoins ont vu fuir peu après l'explosion.
Selon la chaîne de télévision NTV, des lycéens suivant des cours privés, dans un bâtiment proche du lieu de l'explosion, pourraient figurer parmi les morts.
Les blessés incluent des soldats et des civils, selon des sources hospitalières. L'explosion a détruit cinq voitures en plus du véhicule militaire et a déclenché un important incendie qui a été maîtrisé.
La police a mis en place un périmètre de sécurité et a éloigné les journalistes, arguant d'une mesure de précaution pour le cas où surviendrait une autre explosion. Des artificiers ont été envoyés sur les lieux de l'explosion pour en déterminer les circonstances, a constaté un journaliste de l'AFP.
Diyarbakir se trouve au coeur d'une région peuplée en majorité de Kurdes et a déjà subi des attaques à la bombe revendiquées par les rebelles séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
En juin, sept personnes avaient été blessées dans l'explosion d'une bombe près d'un arrêt d'autobus dans le centre de cette localité. Les autorités avaient accusé le PKK d'avoir commis l'attaque.
En 2006, 10 personnes, dont 7 enfants, avaient péri et 14 autres avaient été blessées dans l'explosion d'une bombe placée dans un parc de la ville, un attentat imputé aussi au PKK.
Le conflit kurde a causé la mort de plus de 37.000 personnes depuis 1984, date du début de l'insurrection du PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.
L'explosion de jeudi coïncide avec une multiplication des opérations de l'armée turque contre le PKK qu'Ankara accuse de mener des attaques depuis le nord de l'Irak voisin.
L'état-major turc a confirmé trois raids aériens contre des positions du PKK dans le nord de l'Irak depuis le 16 décembre ainsi qu'une opération terrestre pour empêcher un groupe de rebelles de s'infiltrer en Turquie. Des responsables du nord de l'Irak ont affirmé qu'il y avait eu deux autres raids aériens.
Au moins 150 militants du PKK ont été tués et plus de 200 positions des rebelles ont été détruites jusqu'à présent, selon l'armée turque.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.