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Turquie: 28 maires relevés de leurs fonctions pour des liens présumés avec le PKK ou les gülenistes


Dimanche 11 septembre 2016 à 13h44

Istanbul, 11 sept 2016 (AFP) — La Turquie a relevé dimanche de leurs fonctions 28 maires soupçonnés d'être liés aux militants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou à l'ex-prédicateur Gülen, accusé d'être à l'origine du putsch avorté mi-juillet, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Suleyman Soylu.

Les 28 élus démis de leurs fonctions ont été remplacés par des administrateurs proches du parti au pouvoir, a précisé le ministre dans des propos rapportés par l'agence Dogan.

Les mairies ne peuvent être contrôlées plus longtemps par "les terroristes ou leurs chefs qui donnent des instructions depuis Qandil (bastion du PKK en Irak)", a estimé M. Soylu.

L'organisation du PKK - considérée par Ankara et ses alliés occidentaux comme un groupe "terroriste" -, et l'armée turque ont rompu il y a un an un fragile cessez-le-feu et repris les hostilités, entamées en 1984.

Les mairies concernées sont situées en grande partie dans des régions du sud-est de la Turquie et peuplées en majorité de Kurdes. Certaines d'entre elles, telles Sur et Silvan dans la région de Diyarbakir, Nusaybin dans celle de Mardin, sont connues pour abriter des centres de la rébellion kurde du PKK.

Parmi les 28 maires, 24 sont accusés d'avoir des liens avec la milice kurde et 4 avec la confrérie güleniste, a détaillé le ministre de l'Intérieur, précisant que 12 d'entre eux étaient déjà emprisonnés.

Cette réorganisation a été mise en oeuvre dans le cadre de l'Etat d'urgence décrété après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet.

"C'est une violation des droits de l'homme" et des "traités internationaux", a réagi le parti HDP (Parti démocratique du peuple, prokurde) dans un communiqué. "Il n'y a pas de différence entre bombarder un Parlement élu par le peuple et déloger des élus municipaux" choisis en 2014, a-t-il estimé.

Dans la nuit du 15 au 16 juillet, alors qu'une tentative de coup d'Etat se déroulait en Turquie, le Parlement turc avait été bombardé à Ankara.

"Etre élu ne donne pas le droit de commettre un crime", a répondu sur le réseau social Twitter le ministre de la Justice Bekir Bozdag, balayant les critiques sur une carence démocratique.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.