Mercredi 31 octobre 2007 à 14h59
ANKARA, 31 oct 2007 (AFP) — L'armée turque a affirmé mercredi avoir tué 15 rebelles kurdes dans le sud-est turc alors que le conseil des ministres s'est réuni à Ankara pour évoquer les mesures économiques à prendre contre le Kurdistan irakien, accusé d'offrir un sanctuaire aux séparatistes.
Lors d'opérations menées avec le soutien de l'artillerie et d'hélicoptères de combat, 15 militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués depuis lundi aux abords du mont Cudi, dans la province de Sirnak, frontalière de l'Irak, a annoncé l'Etat-major.
L'armée a aussi confirmé trois pertes dans ses rangs et que des heurts s'étaient déroulés mardi à Hatay (sud) et Bingöl (est), sans faire de victimes.
Alors que les opérations de l'armée se poursuivaient mercredi dans plusieurs zones, les dirigeants turcs élevaient le ton à Ankara contre les Kurdes d'Irak.
Mardi soir, Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a attaqué le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani.
"Ce qu'ils (les hommes de Barzani) font là bas consiste tout simplement à couvrir l'organisation terroriste", en l'occurrence le PKK, qui a tué 12 soldats et fait huit autres prisonniers le 21 octobre, a-t-il déclaré.
M. Erdogan a de nouveau refusé de dialoguer directement de la question du PKK avec les Kurdes d'Irak, comme le demande M. Barzani, président de la région autonome du Kurdistan irakien.
M. Erdogan a réaffirmé la détermination de son pays de sévir contre le PKK en Irak tout en voulant faire marcher la diplomatie, indiquant attacher une grande importance à sa rencontre avec le président américain George W. Bush à la Maison Blanche, prévue le 5 novembre.
Le Premier ministre avait averti mardi que les relations avec Washington étaient tributaires de la position américaine envers le PKK.
Le numéro deux de l'état-major turc, le général Ergin Saygun, ainsi que les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Ali Babacan et Vecdi Gönül, doivent accompagner M. Erdogan dans ce déplacement, a rapporté l'agence Anatolie.
Un conseil des ministres axé sur la question des sanctions économiques contre le Kurdistan irakien était en cours mercredi après-midi.
La Turquie fournit notamment de l'électricité au nord de l'Irak. Les exportations turques vers l'Irak se sont élevées à 1,18 milliard d'euros pour les huit premiers mois de l'année, selon les chiffres officiels. Les importations irakiennes n'ont atteint que 106 millions d'euros pour la même période.
La Turquie a menacé l'Irak d'intervenir militairement si les autorités irakiennes et Washington n'empêchaient pas les opérations des rebelles du PKK.
Avec le dernier bilan fourni par l'armée, 80 rebelles ont été tués dans des opérations conduites depuis le 21 octobre dans l'est et le sud-est anatoliens.
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, dont le pays est un "partenaire stratégique" de la Turquie, s'entretiendra avec les dirigeants turcs vendredi à Ankara pour leur conseiller la retenue.
Elle doit ensuite assister à Istanbul à une réunion internationale sur l'Irak, vendredi et samedi, à laquelle devrait participer le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari.
Cette réunion, qui rassemblera ses voisins, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et ceux du G8, sera la deuxième du genre.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon sera également à Istanbul.
A l'occasion de la visite à Bagdad du chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a appelé de son côté mercredi Téhéran à "désamorcer" la crise avec la Turquie et demandé à l'Iran son appui à la conférence d'Istanbul.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.