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Turquie : 13 morts dans une embuscade des rebelles kurdes


Dimanche 30 septembre 2007 à 16h01

ANKARA, 30 sept 2007 (AFP) — Treize personnes ont été tuées et deux autres blessées samedi dans le sud-est de la Turquie dans l'attaque la plus sanglante de ces dernières années perpétrée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) qui lutte depuis 1984 contre le pouvoir central turc.

Le bilan, d'abord annoncé à 12 morts, s'est alourdi dimanche avec la découverte, par les autorités locales, du corps d'un enfant de sept ans près des lieux du sinistre.

L'attaque a eu lieu vers 14H00 GMT près de la petite ville de Beytüssebab, dans la province de Sirnak, frontalière avec l'Irak, a annoncé dimanche le gouverneur local Selahattin Apari.

"Des terroristes du PKK ont mitraillé un minibus transportant pour la plupart des civils. Ils ont massacré 13 personnes", a dit le responsable.

Parmi les morts figure un mouhtar, chef de village, et ses quatre fils, tous des "gardiens de village".

Cette embuscade dans une zone peuplée majoritairement de Kurdes rappelle des attaques similaires qui visaient des civils aux premières années de l'insurrection du PKK, lorsque les rebelles attaquaient des villages, tuant femmes et enfants pour s'assurer une notoriété.

Les "gardiens de village" sont une milice kurde recrutée et armée par Ankara pour assurer la protection des villages du sud-est anatolien contre les rebelles du PKK qui ont déclenché il y a 23 ans une lutte pour l'indépendance. Celle-ci et sa répression par l'armée turque ont fait jusqu'à présent plus de 37.000 morts.

Une opération de l'armée est en cours pour capturer les responsables de l'attaque.

De retour d'une visite aux Etats-Unis, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé devant la presse une "attaque lâche qui ne restera pas impunie".

Il a affirmé que le PKK avait commencé à s'en prendre aux civils, ce qui démontre, selon lui, que l'organisation est en "détresse" en raison des opérations de l'armée.

"Notre détermination à lutter contre les terroristes se maintiendra", a-t-il ajouté.

L'armée avait déjà intensifié ses opérations de ratissage dans cette zone où des heurts ont eu lieu la semaine dernière, faisant plus d'une dizaine de morts dans les rangs du PKK, dont un de ses commandants.

Le PKK déteste les gardes communaux qui refusent de s'allier à lui et s'en prend régulièrement aux familles qui rejoignent cette milice de plusieurs milliers d'hommes payés par l'Etat.

La Turquie estime que des milliers de rebelles du PKK, tolérés ou soutenus selon elle par les Kurdes d'Irak, alliés des Etats-Unis, utilisent le nord de ce pays comme base arrière pour déclencher des opérations dans le sud-est de la Turquie.

Le nombre de ces attaques a augmenté depuis le début de l'année.

Dimanche, deux rebelles qui tentaient de s'infiltrer depuis l'Irak ont été tués par des gendarmes près de la bourgade de Cukurca, tout près de la frontière, a indiqué le gouvernorat local.

Ankara et Bagdad ont signé vendredi après plusieurs jours de discussions dans la capitale turque un accord prévoyant de lutter contre ces rebelles retranchés dans plusieurs camps du Kurdistan irakien.

Mais le document ne prévoit pas d'autoriser les Turcs à pourchasser les rebelles en territoire irakien -à l'image de ce qui se passait dans les années 1990-, comme le souhaitait vivement le gouvernement turc.

Ce dernier n'exclut pas l'option militaire contre les bases du PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.