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Turquie: 10 soldats tués par le PKK, raid aérien dans le nord de l'Irak


Samedi 19 juin 2010 à 16h43

ANKARA, 19 juin 2010 (AFP) — Dix soldats turcs ont été tués samedi dans deux attaques des rebelles kurdes, les plus importantes de ces deux dernières années, provoquant une riposte aérienne de l'aviation turque contre les caches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak.

Les attaques ont provoqué l'indignation populaire et des nombreuses manifestations culturelles et sportives ont été annulées à travers le pays en signe de deuil.

Une première attaque a été menée par un groupe de rebelles kurdes dans la nuit de vendredi à samedi contre un poste de gendarmerie proche de Semdinli, dans l'extrême sud-est de la Turquie, à la frontière irakienne, tuant 8 soldats et blessant 8 autres, selon un communiqué de l'armée.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une attaque "lâche", affirmant qu'elle ne changera en rien la détermination de son pays à combattre "jusqu'au bout" le PKK.

Douze rebelles, selon l'armée, ont été tués dans la riposte des militaires appuyés par des hélicoptères.

Des chasseurs turcs ont ensuite bombardé des cibles du PKK dans le nord de l'Irak, où cette organisation, considérée comme terroriste par la Turquie et nombre de pays, dispose de bases arrière, a ajouté le communiqué.

Le PKK a revendiqué l'attaque.

"L'opération militaire a eu lieu ce matin dans la zone de Chemdinyan (Semdinli en turc), dans la province de Hakkari et les avions turcs ont commencé à attaquer le district de Khwakorek, en territoire irakien", a déclaré à l'AFP le porte-parole du PKK, Ahmad Denis, à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

Ankara évalue à environ 2.000 le nombre de rebelles retranchés en Irak.

Les pertes turques se sont alourdies en cours de journée lorsque deux soldats turcs ont été tués et deux autres blessés par l'explosion d'une mine télécommandée dans cette même région, selon une source de sécurité locale.

Ces soldats participaient aux opérations pour capturer les assaillants à la frontière irakienne, une région dont le relief accidenté favorise les infiltrations depuis l'Irak.

Ces nouvelles attaques du PKK sont intervenues au lendemain des avertissements de l'armée craignant une intensification des combats.

130 rebelles et 43 membres des forces de sécurité ont été tués depuis mars, selon l'état-major.

Dans un message publié par ses services de presse, M. Erdogan a souligné que la Turquie était "prête à payer le tribut" nécessaire pour "anéantir" le PKK.

Vendredi, le Premier ministre avait accusé le PKK de chercher à saboter une initiative de son gouvernement visant à renforcer les droits des Kurdes et développer les investissements dans leur région, le sud-est anatolien, pour mettre un terme au conflit qui perdure depuis 1984 et a fait plus de 45.000 morts.

L'"ouverture kurde", annoncée l'an dernier, a déjà connu des revers avec la fermeture du principal parti pro-kurde, des arrestations de militants kurdes et une forte opposition des milieux nationalistes.

Et justement l'opposition parlementaire s'en est pris au gouvernement après les attaques de samedi, l'accusant d'incompétence face à la recrudescence des violences, et réclamant des élections générales anticipées.

Le parti de l'action nationaliste (MHP) a exhorté M. Erdogan à rétablir l'état d'urgence dans le sud-est et d'organiser une offensive massive contre les repaires du PKK dans la montagne irakienne, selon un communiqué.

Les violences se sont multipliées depuis l'annonce en mai par le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, qu'il abandonnait ses efforts pour un dialogue avec Ankara.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.