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Trafic de visas en Irak: suspendu, un diplomate français nie toute implication


Mercredi 17 septembre 2014 à 17h16

Paris, 17 sept 2014 (AFP) — Un diplomate français, mis en cause dans un trafic de visas au consulat d'Erbil, au Kurdistan irakien, a nié mercredi par la voix de son avocate toute implication dans cette affaire de corruption qui fait l'objet d'une enquête judiciaire à Paris.

Consul adjoint de France à Erbil depuis août 2011, Ludovic Francelle a été suspendu un an de ses fonctions le 25 juillet, après une enquête de l'Inspection générale des affaires étrangères (IGAE) concluant à l'existence d'un trafic de visas, a-t-on appris de sources proches du dossier, confirmant une information de Mediapart.

"M. Francelle nie formellement avoir participé à un quelconque trafic de visas qu'il n'a eu de cesse de tenter d'enrayer", a déclaré à l'AFP son avocate Sarah Mauger-Poliak.

Selon l'IGAE, des agences de voyages kurdes réservaient sur le site internet du consulat l'ensemble des rendez-vous de demande de visas pour les monnayer auprès des demandeurs.

Le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, avait précisé à l'AFP qu'après leur enquête début mars, les deux inspecteurs avaient "identifié les agents responsables de ce trafic" et saisi la justice.

"On a suspendu un certain nombre d'agents, il y a des procédures disciplinaires. On a assaini le poste", avait-il dit en soulignant que cette affaire était "totalement déconnectée de la situation en Irak", où Paris vient de s'engager pour tenter d'enrayer la progression des jihadistes de l'organisation Etat islamique.

Le parquet de Paris a ouvert cet été une enquête préliminaire, selon une source judiciaire.

Parallèlement, des procédures sont en cours au tribunal administratif de Paris, où M. Francelle a déposé un recours pour "excès de pouvoir" contre sa suspension sans solde, selon Me Mauger-Poliak. Il y a également engagé un référé (procédure d'urgence) pour suspendre sa mise à pied. Une première audience est prévue le 22 septembre.

Pour l'avocate, le rapport de l'IGAE a été "lapidaire et partiale" et un des enquêteurs a selon elle reconnu lors de l'audience disciplinaire qu'"aucun élément tangible" ne reliait son client au trafic.

"Dans l'exercice de ses fonctions à Erbil, M. Francelle a dénoncé, à plusieurs reprises, des irrégularités dans l'octroi des visas, ce qui lui a valu de nombreuses inimitiés", affirme-t-elle.

Elle soutient que c'est son client qui a pris l'initiative d'une enquête interne sur le réseau d'agences de voyages kurdes impliquées.

"M. Francelle a annulé en trois mois plusieurs centaines de rendez-vous pris par ce réseau d'agences, entraînant la fermeture de certaines", ajoute-t-elle, relevant que le trafic avait débuté avant son arrivée à Erbil.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.