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Tractations politiques sur fond d'incursion iranienne en Irak


Dimanche 30 avril 2006 à 16h46

BAGDAD, 30 avr 2006 (AFP) — La coalition chiite a lancé dimanche un appel à la liste de l'ancien Premier ministre, le chiite laïc Iyad Allaoui, pour l'inviter à participer au gouvernement d'union nationale en formation, alors que Bagdad a dénoncé une incursion iranienne au Kurdistan.

Le Parlement irakien doit se réunir à nouveau le mercredi 3 mai, mais le prochain gouvernement ne devrait pas être présenté avant le 10 mai, a-t-on appris de source proche du Premier ministre désigné Nouri al-Maliki.

M. Maliki ne devrait pas assister à la séance du 3 mai, qui devrait être consacrée à la création de deux commissions, l'une chargée d'étudier les amendements éventuels à la Constitution et l'autre d'adopter le règlement intérieur du Parlement.

Les groupes parlementaires chiites et sunnites se sont réunis dimanche à Bagdad, dans le cadre des négociations pour la formation d'un gouvernement d'union nationale, souhaité par M. Maliki.

"Il reste un problème à résoudre, l'attribution d'un poste de vice-Premier ministre, que se disputent la liste d'Iyad Allaoui et le Front de la concorde (sunnite, ndlr)", a déclaré à l'AFP le député chiite indépendant Hussein al-Chahristani.

"Il faut que ce siège revienne à la liste d'Allaoui", a affirmé le député, dans une tentative de faire revenir dans le jeu politique l'ancien Premier ministre, dont la liste a obtenu 25 sièges sur 275 au Parlement issu des élections du 15 décembre 2005, mais a été écarté des nominations aux principaux postes de l'Etat intervenues le week-end dernier.

Au contraire, le porte-parole du Front de la Concorde, la principale coalition sunnite, Zhafer al-Ani a affirmé que sa formation "a insisté pour obtenir le poste de vice-Premier ministre, en charge du dossier de la sécurité". "Les régions où il y a des troubles en Irak sont toutes des zones sunnites, c'est pourquoi nous insistons pour obtenir ce poste", a-t-il déclaré.

Pour sa part, le courant du chef chiite radical Moqtada Sadr, qui a 30 élus au sein de l'Alliance unifiée irakienne (AUI, 128 sièges) a revendiqué cinq ministères, sur la trentaine que devrait compter le nouveau gouvernement.

Interrogé sur la dissolution des milices, le député sadriste Baha al-Aradji a estimé que l'armée du Mehdi, dirigée par Moqtada Sadr, ne devait pas être considérée comme telle.

"L'armée du Mehdi n'est pas une milice, c'est un mouvement populaire, certes proche du courant Sadr, mais qui n'est pas affilié à un parti politique. Il y a parmi elle des avocats, des médecins, des fonctionnaires (...) Ce n'est pas une force militaire organisée", a-t-il assuré.

Ces négociations interviennent au moment où Bagdad accuse l'Iran d'avoir pénétré à l'intérieur du territoire irakien et d'y avoir bombardé des positions d'un groupe proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes turcs), dans le nord du pays.

"Les forces iraniennes ont bombardé au cours des dernières 24 heures les positions du PKK près de Haj Omran, dans la province d'Erbil, et pénétré de 5 km à l'intérieur du territoire irakien à l'occasion de ces attaques", a indiqué le ministère irakien de la Défense dans un communiqué.

Téhéran et Ankara ont passé un accord appelant l'Iran à combattre le PKK et la Turquie à lutter contre les Moudjahidine du peuple, un groupe armé d'opposition iranien basé en Irak.

La violence s'est poursuivie dans le pays dimanche, où trois Irakiens, dont deux policiers, ont été tués et seize blessés dans plusieurs attaques. Les corps de trois personnes tuées par balles, dont deux avaient été torturées, ont été retrouvés à Bagdad.

Trois employés d'une société de sécurité privée ont également trouvé la mort et deux ont été blessés lorsqu'une bombe a explosé au passage de leur véhicule au sud de Bagdad, selon un porte-parole de l'ambassade britannique, qui n'a pas été en mesure de confirmer la nationalité des victimes, qui travailleraient pour une société britannique.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.